Incapable d'apporter les fonds promis pour sauver Heuliez, Louis Petiet, repreneur désigné par la justice de l'équipementier automobile Heuliez, a finalement accepté lundi de jeter l'éponge sous la pression du gouvernement, laissant la voie libre à un investisseur turc.
M. Petiet a donné son accord pour permettre à l'homme d'affaires turc Alphan Manas, qui dirige le fonds d'investissement Brightwell, de "détenir une très large majorité des différentes sociétés du Groupe Heuliez", a-t-il indiqué dans un communiqué de sa holding Krief Group.
Brightwell est actuellement en discussions exclusives avec l'équipementier automobile à qui il pourrait apporter 20 millions d'euros. Le président d'Heuliez Emilio Galluccio, qui doit donner une conférence de presse mardi au salon international de l'automobile à Genève pour présenter une nouvelle voiture électrique, pourrait apporter des précisions.
M. Petiet avait été désigné en juillet par le tribunal de commerce de Niort pour reprendre l'équipementier automobile de Cerizay (Deux-Sèvres), en difficulté depuis plusieurs années, via sa société BKC.
Son cabinet de conseil, spécialisé dans la reprise d'entreprises en difficulté, devait alors permettre la renaissance d'Heuliez.
Pour ce faire, BKC avait apporté un million d'euros et était devenu propriétaire d'Heuliez à hauteur de 80%. Mais la société n'a ensuite jamais apporté en numéraire les 15 millions d'euros supplémentaires promis, laissant en suspens le sort d'Heuliez et de ses 600 salariés.
Une situation intenable aux yeux des pouvoirs publics et de Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes où est implanté Heuliez, avant les élections régionales.
La région Poitou-Charentes a d'ailleurs déjà mis 5 millions d'euros sur la table pour aider Heuliez. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI), créé par l'Etat l'an passé pour prendre des participations dans une entreprise, pourrait injecter 10 millions.
Mme Royal avait laissé miroiter l'arrivée de l'assureur mutualiste Macif, mais elle ne s'est jamais concrétisée.
Le ministre de l'Industrie Christian Estrosi qui a appelé à plusieurs reprises M. Petiet, élu UMP, à renoncer s'est réjoui de ce retrait. "C'est une très bonne nouvelle, je remercie Louis Petiet d'être raisonnable".
"C'est une chance pour Heuliez de relever le défi de la voiture électrique. Il faut maintenant veiller que les formalités juridiques soient dénouées sous le contrôle du tribunal de commerce de Niort", a-t-il ajouté.
L'UMP a dit espérer que les négociations avec M. Manas "portent rapidement leurs fruits".
L'engagement de l'investisseur turc "sera sérieux le jour où on aura les 20 millions d'euros", a estimé Claude Point, secrétaire du comité d'entreprise (CFDT) d'Heuliez, soulignant que M. Petiet assurait encore récemment être en mesure d'apporter l'argent promis avant la mi-mars.
BKC étant toujours officiellement propriétaire d'Heuliez, l'investisseur turc pourrait entrer au capital "soit par cession de titres, soit par augmentation de capital", a expliqué à l'AFP M. Petiet.
BKC garderait une part minoritaire: "un ordre de grandeur de 20% me semblerait raisonnable", a-t-il ajouté sur Radio Classique.
Selon lui, cela permettrait de "garder un lien avec une activité qu'on aura aidée à être sauvée de la liquidation il y a six mois, à préserver 606 emplois et à remettre sur les rails".