LEVALLOIS, Hauts-de-Seine (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mercredi l'interpellation du suspect de l'attaque à la voiture contre six militaires mercredi matin à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), au terme d'une chasse à l'homme menée tambour battant.
"Un suspect qui était au volant du véhicule incriminé a été appréhendé sur l'autoroute qui relie Paris à Boulogne-sur-Mer", a-t-il déclaré lors des questions au gouvernement à l'Assemblée.
De source judiciaire, on précise que l'homme, qui n'était pas armé, a été blessé par balle lors de cette vaste opération de police qui s'est déroulée dans la commune de Marquise (Pas-de-Calais), à 260 kilomètres de Levallois-Perret.
Un policier a été blessé lors de l'arrestation par une balle perdue et un journaliste de Reuters a vu la BMW (DE:BMWG) utilisée par l'assaillant criblée de balles sur l'autoroute A16.
Selon Le Parisien, le suspect est Hamou B., il est âgé de 37 ans et son domicile, ainsi que ceux de son entourage, dans les Yvelines, ont été perquisitionnés. Le parquet a refusé de confirmer des informations qui seraient "susceptibles de mettre en péril des investigations en cours".
La ministre des Armées, Florence Parly, a précisé, après avoir rendu visite à trois soldats "très légèrement blessés" à l'hôpital militaire de Bégin (Val-de-Marne), que les nouvelles des trois autres, envoyés à l'hôpital de Percy à Clamart (Hauts-de-Seine), étaient "rassurantes".
"Je veux dire (...) que leur état de santé n'inspire plus aucune inquiétude et que les blessures qu'ils ont subies sont fort heureusement relativement légères", a dit Edouard Philippe.
La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête des chefs de "tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en lien avec une entreprise terroriste et d'association de malfaiteurs terroriste criminelle", indique-t-on de source judiciaire.
UN ACTE DÉLIBÉRÉ
"Nous savons que c'est un acte délibéré, ce n'est pas un acte accidentel", a dit le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb après avoir vu les militaires hospitalisés à Bégin.
Cette attaque montre que le projet de loi de renforcement de la lutte contre le terrorisme, vivement contesté par les associations de défense des droits de l'homme et les magistrats, est "pleinement justifié", a-t-il ajouté.
Patrick Balkany, le maire de la petite ville cossue située à l'ouest de Paris, a estimé que l'acte contre les militaires du 35e régiment d’infanterie de Belfort qui sortaient de leur casernement était "sans aucun doute" le fait "d'un terroriste".
"Il faut vraiment bien connaître le coin et l'avoir repéré", a-t-il déclaré au bout de l'allée où la voiture de l'assaillant a fauché les militaires autour de 8h00 du matin.
Le maire de Levallois, siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui lutte notamment contre le terrorisme en France, avait précisé que les services de police avaient visionné les caméras de surveillance qui ont "vu parfaitement l'impact du véhicule sur les militaires", ce qui a permis de suivre la trace du fuyard.
Les quelque 7.000 militaires de l'opération Sentinelle lancée au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 à Paris ont souvent été pris pour cibles par des djihadistes.
UNE OPÉRATION CONTESTÉE
Il y a eu depuis son début six attaques contre les militaires, auxquelles il faut ajouter huit attaques contre des policiers et des gendarmes, a dit Gérard Collomb.
L'ampleur de l'opération a déjà été réduite - de 10.000 à 7.000 hommes - et les patrouilles sont désormais "dynamiques" pour éviter que les militaires servent de cibles statiques.
Emmanuel Macron a annoncé le 20 juillet que l'opération Sentinelle serait révisée cet automne sur la base d'un rapport du chef d'état-major des armées (CEMA).
Le maintien de cette opération coûteuse dans un contexte budgétaire restreint et une sur-utilisation des forces armées est contesté par une partie de la classe politique.
Mais Florence Parly a balayé ces objections.
"Cette opération Sentinelle est plus que jamais nécessaire", a-t-elle déclaré mercredi à l'hôpital Bégin.
Un homme qui a tenté samedi dernier de forcer un couteau à la main un des contrôles de sécurité de la Tour Eiffel a été renvoyé lundi en hôpital psychiatrique.
Une information judiciaire a été ouverte des chefs de tentatives d'assassinat sur personne dépositaire de l'autorité publique en lien avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste criminelle, "afin, notamment, qu'une nouvelle expertise soit ordonnée, pour confirmer ou infirmer les premières conclusions de l'expert", a-t-on précisé de source judiciaire.
Le parquet antiterroriste avait été saisi dimanche après que l'homme a déclaré aux enquêteurs qu'il voulait commettre un attentat contre un militaire et qu'il était en lien avec un membre de l'État islamique.
(Yves Clarisse, avec Caroline Pailliez, Yann Le Guernigou, Myriam Rivet, Cyril Camu et Benoît Tessier, édité par Yves Clarisse)