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La Russie ne sabrera pas le champagne au Forum de Saint-Pétersbourg

Publié le 01/01/2001 01:00
Mis à jour le 05/06/2009 19:50

Le président russe Dmitri Medvedev a estimé vendredi qu'il était trop tôt pour "ouvrir le champagne" et fêter la reprise, un de ses ministres esquissant même le spectre d'une "deuxième" vague de crise, lors d'un forum empreint de morosité.

On observe sur "les principaux marchés financiers quelques signes clairs de reprise qui permettent aux analystes de dire que le fond de la crise a été touché et que nous ne sommes pas loin d'une relance", a dit M. Medvedev au Forum de Saint-Pétersbourg, qui se veut le pendant russe du célèbre Forum de Davos.

"Mais à mon avis, il est encore trop tôt pour ouvrir le champagne", a-t-il prévenu.

"La Russie n'a pas pu éviter la crise mondiale actuelle", a noté le président, reconnaissant que les turbulences y avaient même été plus intenses parce que le pays restait trop dépendant de ses exportations d'hydrocarbures et de matières premières.

Le PIB russe a chuté de 10,5% en avril sur un an, après un recul de 9,5% en mars et de 7,3% en février. Le gouvernement, qui avait longtemps tablé, à contre-courant des analystes, sur un recul de 2,2% du PIB cette année, a admis récemment s'attendre maintenant à une contraction de 7 à 8%.

M. Medvedev a toutefois salué la politique menée par la Banque centrale de Russie (BCR), qui a baissé jeudi pour la troisième fois en moins de deux mois son principal taux directeur.

Peu après, Alexeï Koudrine, un libéral aux commandes des Finances russes depuis 2000 réputé pour son franc parler, est venu doucher un peu plus les espoirs de relance, en s'inquiétant du niveau toujours très élevé des créances douteuses des banques russes.

"Le président nous a dit que le pic de la crise avait été atteint, mais nous ne savons pas combien de temps ça va durer", a souligné le ministre.

"Nous ne pourrons selon toute vraisemblance pas éviter une deuxième vague de crise", a-t-il encore dit à la télévision russe. "Mais nous saurons la résoudre par la voie d'une recapitalisation des banques", a-t-il ajouté.

"Je crains fort que M. Koudrine soit proche de la vérité, même s'il n'a pas tout à fait raison", a commenté le milliardaire russe Viktor Vekselberg lors d'une réunion entre entrepreneurs russes et étrangers.

"Nous allons encore avoir la fièvre", a-t-il ajouté, estimant qu'il fallait "s'armer de patience" car la Russie possède "un potentiel énorme".

Pour Jacques Der Megreditchian, responsable de la banque d'investissement russe Troïka Dialog, interrogé par l'AFP, la crise n'est pas finie et "il va encore falloir payer".

"Le troisième trimestre risque d'être un peu difficile", a-t-il prédit , ajoutant toutefois que cela ne serait pas aussi grave que le "tsunami financier" de septembre-octobre 2008.

Dans ce contexte, M. Medvedev a appelé à examiner dans les prochains mois la possibilité de créer de nouveaux outils de régulation, mettant en garde contre un certain "conservatisme" qui pourrait selon lui mener à une crise encore plus profonde dans le futur.

"Il faut résoudre la question de la réforme des institutions financières et ne pas s'en tenir à des mesures cosmétiques", a-t-il souligné, jugeant qu'il fallait "que ce soit un système totalement nouveau", qui ne soit pas dominé par certains pays.

Emboîtant le pas à M. Medvedev, l'oligarque Mikhaïl Prokhorov, consacré homme le plus riche de Russie par le magazine Forbes en mars, avec une fortune estimée à 14,1 milliards de dollars, a estimé que la Russie avait le devoir "non seulement de surmonter les conséquences de la crise, mais aussi d'aller de l'avant".

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