L'Autorité française de la concurrence juge que Google occupe une position dominante dans la publicité liée aux recherches sur internet, selon un avis publié mardi, mais le régulateur ne préconise toutefois pas de nouvelle réglementation pour ce secteur.
"Google dispose à ce jour d'une position fortement dominante sur le marché de la publicité liée aux moteurs de recherche", a indiqué l'Autorité dans son avis réalisé à la demande du gouvernement français qui l'avait saisie en février.
Fait rare, l'Autorité a listé quatorze "préoccupations" liées à la position dominante de Google qui, selon elle, totalise plus de 90% des recherches des internautes ainsi que des petites annonces publicitaires liées aux recherches sur internet, les liens sponsorisés.
L'Autorité a toutefois estimé qu'il n'était pas nécessaire de réglementer le secteur, estimant que cela freinerait l'innovation. Elle "ne recommande pas la mise en oeuvre d'un cadre de régulation d'ensemble", selon l'avis.
Elle n'a pas non plus ouvert immédiatement d'enquête de son propre chef, en procédant à une autosaisine, soulignant que la Commission européenne avait engagé une telle procédure fin novembre.
Dans une première réaction, Google s'est défendu en jugeant que "l'analyse du marché par l'Autorité de la concurrence est trop restreinte".
"Les annonces liées aux recherches (sur internet) sont l'une des options, parmi plein d'autres, pour les annonceurs", a-t-il précisé dans un communiqué.
"Si le prix des annonces liées aux recherches augmentent, les annonceurs peuvent passer à d'autres formats, sur internet ou hors ligne. C'est le signe d'une industrie concurrentielle et dynamique", a-t-il plaidé.
Selon l'Autorité, la part de marché de Google, les niveaux de prix pour l'achat de liens sponsorisés via la régie de liens sponsorisés AdWords, qui sont de 1,5 à 5 fois plus élevés que ceux de son concurrent Yahoo, et le niveau de marge du groupe, qui est en moyenne de 35%, permettent de définir pour Google une position dominante.
A ces facteurs s'ajoutent "les barrières à l'entrée", qui "apparaissent élevées" en raison des investissements et difficultés technologiques pour égaler l'algorithme permettant à Google de faire ses recherches, selon l'Autorité.
"Cette position dominante n'est, bien sûr, pas condamnable en soi: elle résulte d'un formidable effort d'innovation, soutenu par un investissement important et continu", explique l'Autorité dans son avis.
"Seul l'exercice abusif d'un tel pouvoir de marché pourrait être sanctionné", estime-t-elle.