La chancelière allemande, Angela Merkel, a posé mardi plusieurs conditions pour que la Serbie obtienne le statut de candidat à l'Union européenne à la fin de l'année, réclamant de Belgrade une nette amélioration de ses relations avec le Kosovo.
"Si la Serbie veut obtenir le statut de candidat, elle doit reprendre le dialogue (avec Pristina) et y engranger des résultats (...), ainsi que démanteler les structures parallèles" dépendant de Belgrade dans le nord du Kosovo, peuplé majoritairement de Serbes, sans "en créer d'autres", a souligné Mme Merkel.
La chancelière allemande s'exprimait au cours d'une conférence de presse commune avec le président serbe, Boris Tadic.
Mme Merkel a également réclamé que la Mission européenne de police et de justice au Kosovo (Eulex), qui a toujours été considérée avec une grande suspicion par les Serbes du Kosovo, puisse exercer ses fonctions sur l'ensemble du territoire kosovar.
La Serbie espère obtenir le statut de candidat à l'UE à la fin de l'année et aussi une date pour l'ouverture des négociations d'adhésion.
Belgrade fait valoir notamment les résultats de ces derniers mois dans la recherche des criminels de guerre, et en particulier l'arrestation de Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, fin mai, qui a échappé pendant près de seize ans à la justice internationale.
La chancelière allemande a toutefois répété avec force que la Serbie devait améliorer ses relations avec le Kosovo, qui viennent de traverser une crise aiguë, à la suite de la tentative, fin juillet, des autorités de Pristina de prendre le contrôle de deux postes-frontières dans le nord du Kosovo.
Cette région limitrophe de la Serbie est peuplée très majoritairement de Serbes refusant de reconnaître les autorités de Pristina. Ceux-ci se sont par conséquent insurgés contre l'initiative des Kosovars albanais. La Force de l'Otan au Kosovo (Kfor) a pris finalement de façon temporaire le contrôle des deux postes-frontières litigieux.
Serbes et Kosovars doivent se retrouver, le 2 septembre à Bruxelles, pour reprendre, sous les auspices de l'UE, leur dialogue sur les problèmes pratiques de la population kosovare, serbe et albanaise.
"Nous voulons des résultats pendant ce dialogue (Belgrade-Pristina), l'été n'a pas idéal (...) nous voulons des progrès", a insisté Mme Merkel.
"Une amélioration est nécessaire" au sujet du Kosovo, et "en premier lieu sur les questions pratiques", a répété Mme Merkel.
Boris Tadic, le visage fermé, a répondu que la Serbie était parfaitement consciente du fait qu'elle ne pouvait "introduire un nouveau conflit au sein de l'UE" en souhaitant rejoindre l'Union, une allusion à la hantise des Européens d'hériter avec la candidature de la Serbie d'un problème similaire à celui de la division de Chypre, toujours sans réponse.
Belgrade ne reconnaît pas l'indépendance kosovare et considère le Kosovo comme sa province méridionale.
"La Serbie souhaite une solution (dans le dossier du Kosovo) et ne pas geler (ce) conflit", tout en restant attachée à ses "principes", à savoir le refus de reconnaître un jour l'indépendance du Kosovo, a poursuivi le président serbe.
M. Tadic a en outre dénoncé les "actes unilatéraux" de Pristina, faisant allusion à la crise de l'été, et a assuré que Belgrade souhaitait une "solution de compromis durable" au Kosovo.
Mme Merkel, qui s'était rendue lundi en Croatie, a réaffirmé à l'occasion de sa tournée la vocation des pays des Balkans occidentaux à rejoindre l'UE, promettant que la crise financière actuelle dans la zone euro n'aurait pas de répercussions sur l'élargissement de l'Union.
Mais, a-t-elle souligné, il appartient aussi à ces pays de respecter les critères requis par les Européens.