La "Ferme des mille veaux", contestée par les associations de défense des animaux, va pouvoir doubler son troupeau pour passer de 400 à 800 bêtes, grâce à un récent arrêté du préfet de la Creuse.
Ce centre d'engraissement bovin d'une capacité de 1.000 bêtes, porté par 45 exploitations agricoles de Creuse et Corrèze, s'est heurté depuis deux ans à une forte opposition, notamment des défenseurs des animaux et de l'environnement. Un bâtiment avait même été la cible d'un incendie criminel en décembre 2016, pour lequel une enquête est toujours en cours.
Les premiers veaux étaient arrivés à l'été 2016 dans ce centre de Saint-Martial-le-Vieux, soutenu et subventionné par l'Etat (au titre notamment de la reconversion d'un ancien site militaire) et des collectivités locales. Cette "ferme-usine", selon l'expression de ses détracteurs, est conçue pour accueillir des "broutards", veaux de 8-9 mois, engraissés sur place plusieurs mois avant d'être envoyés à l'abattoir.
De manifestations en recours administratifs, les adversaires du projet avaient réussi à freiner son expansion et la ferme tournait avec quelque 400 têtes de bétail, le seuil au-delà duquel il était nécessaire de demander une autorisation aux autorités.
Mais cette nouvelle expansion est désormais possible grâce à un décret du 7 décembre 2016 de l'alors ministre de l'Environnement Ségolène Royal, qui a doublé ce seuil d'animaux pouvant être accueillis sans autorisation mais sur simple "enregistrement" administratif après déclaration.
"Un décret sur mesure", dénonçait mercredi l'association de défense des animaux L-PEA (Lumière sur les pratiques d'élevage et d'abattage) qui a mené la bataille judiciaire contre l'exploitation, et révélé l'existence de cet arrêté préfectoral daté du 7 février.
"Nous constatons, une nouvelle fois, que l'Etat n'hésite pas à aller dans le sens des lobbies et des grands syndicats agricoles, nombreux à faire pression sur ce dossier, à l'encontre de l'intérêt général, du bien-être animal et au mépris des procédures en cours et des décisions de justice déjà rendues", s'indigne l'association dans un communiqué.
"Nous comptons bien déposer un recours administratif contre ce décret au nom de la défense des animaux et de l'environnement", a déclaré à l'AFP Aurore Lenoir, président de L-PEA.
L'arrêté "d'enregistrement" du préfet de la Creuse, consulté par l'AFP, inclut la création d'une unité de méthanisation voisine qui devra "valoriser" 7.776 tonnes de fumier annuelles.
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