Après trois mois d'arrêt, ArcelorMittal a rallumé jeudi le haut-fourneau P6 sur son site mosellan d'Hayange (Moselle), où la reprise de la production d'acier a nécessité la mobilisation d'environ 600 salariés, un symbole pour l'aciérie lorraine.
Une légère fumée blanche, composée principalement de vapeur d'eau, est sortie de la cheminée dans l'après-midi, ce qui témoigne de "la bonne marche" de la procédure d'allumage, a indiqué à l'AFP Jean-Marie Stebet, responsable syndical de la CFDT.
"Il y a encore quelques fuites à corriger, mais tout se passe normalement", a confirmé le syndicaliste.
Le rallumage du haut-fourneau proprement dit a été précédé mercredi d'une série d'opérations préparatoires, telles que le rallumage de la flamme, l'insufflation d'un mélange de gaz et d’oxygène dans la cuve, afin d’accélérer la montée en température et "la mise sous vent chaud", une opération qui consiste à insuffler de l'air à 1.200°C, selon un porte-parole d'ArcelorMittal.
Les premières fontes exploitables sont espérées à partir du 11 ou 12 août, le temps de procéder à l’ensemble des réglages, selon la direction.
Le rallumage du haut-fourneau de Hayange relance toute une chaîne de production dans la vallée de la Fensch, puisque les poches de fonte seront envoyées à l’aciérie voisine de Sérémange, alors que l’usine de Rombas doit recommencer à produire des agglomérés pour le site de Hayange.
"Nous avons toujours dit que la force du site, c’était d’être intégré, d’avoir la production d’agglomérés, le haut-fourneau, la cokerie et le laminage", rappelle Didier Zint, secrétaire général du syndicat CFDT de la sidérurgie lorraine.
"On est donc satisfait de ce rallumage: ça prouve qu’il y a une confiance sur l’usine de Florange, aussi bien sur les moyens techniques que humains", a-t-il souligné.
En avril, la direction du site avait expliqué qu'elle mettait le P6 à l'arrêt en raison d’une "forte" baisse de la demande d'acier, mais elle avait assuré qu'elle le ferait rallumer aux premiers signes de reprise d'activité de la sidérurgie.
Annoncé le 16 juillet par la direction, le rallumage a nécessité un important recrutement, en pleine période de vacances.
"En avril, lors de la fermeture, certains avaient été mutés sur la cokerie ou le laminage à froid, ils ont été rappelés", explique Didier Zint.
"Il a été nécessaire de faire appel à des intérimaires", complète la direction d’ArcelorMittal, qui annonce avoir mobilisé "environ 600 personnes" pour la reprise de l’activité.
"Les équipes sont désormais complètes pour redémarrer le four en toute sécurité", assure l’aciériste.
La semaine dernière, un délégué de la CFDT, Didier Coletti, affirmait que "la direction prévoit une montée en charge à 110.000 tonnes en septembre, en raison d'un rebond de 20% de la demande (mondiale) d'acier anticipé pour le 3e trimestre".
"On reste prudent pour le quatrième trimestre: il ne faudrait pas que ce soit un feu de paille", a toutefois mis en garde Didier Zint. Pour lui, la hausse de la demande "est un phénomène de déstockage chez les clients qui ont attendu que les prix baissent".
Le site de Florange-Hayange compte un second haut fourneau, le P3, arrêté depuis la fin de l'automne 2008 et dont la CFDT demande le redémarrage.