Déclarations alarmistes en Europe, pression américaine, nervosité des marchés, la crise de la dette dans la zone euro semblait s'emballer une fois encore, avant une téléconférence très attendue, prévue à l'origine en fin d'après-midi entre Berlin, Paris et Athènes.
A quelques heures de ce rendez-vous, les déclarations traduisant une certaine fébrilité se multipliaient.
"L'Europe est en danger", a lancé le ministre polonais des Finances Jacek Rostowski, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, dans un discours aux accents dramatiques devant le Parlement européen à Strasbourg.
Si la zone euro se fissurait, "l'Union européenne ne sera pas capable de survivre, avec toutes les conséquences que l'on peut imaginer", a-t-il renchéri, allant jusqu'à évoquer un risque de "guerre".
Les Européens cherchent désespérement à se sortir du bourbier grec, où ils sont enlisés depuis décembre 2009, réaffirmant presque quotidiennement leur soutien indéfectible à la monnaie unique.
Le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre François Fillon ont ainsi réitéré mercredi que la France était déterminée à "tout mettre en oeuvre pour sauver la Grèce".
Le président français devait s'entretenir en fin d'après-midi avec le Premier ministre grec Georges Papandréou et la chancelière allemande Angela Merkel sur la situation financière de la Grèce à l'occasion d'une téléconférence annoncée mardi.
Le Premier ministre grec a promis de s'engager personnellement à cette occasion auprès de ses principaux bailleurs de fonds sur l'avancement du plan de redressement des finances grecques, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Ilias Mossialis.
Cette conférence a été décidée en vue de la réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro prévue en fin de semaine en Pologne.
Fait inhabituel, le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner y participera après avoir lancé une série d'avertissements à ses partenaires.
Les Européens "reconnaissent qu'ils vont devoir en faire davantage, ils reconnaissent qu'il ont pris du retard", a-t-il estimé. "Ils vont devoir agir plus vite", a-t-il ajouté.
Avant lui, le président américain Barack Obama s'est également inquiété de l'enlisement du dossier grec. "La Grèce est évidemment le problème le plus urgent. Et ils sont en train de prendre des mesures pour ralentir la crise, mais pas pour l'arrêter", a estimé mardi le président américain.
Les députés italiens ont approuvé mercredi, lors d'un vote de confiance, le plan d'austérité de 54,2 milliards d'euros qui doit permettre à l'Italie de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette, alors que le pays reste sous intense pression des marchés.
Mais depuis quelques jours, ce sont surtout les inquiétudes sur la Grèce qui se sont accentuées. Le doute s'est en effet installé sur la capacité du pays à pouvoir respecter ses engagements d'économies et de réformes et l'hypothèse d'une faillite du pays, repoussée par tous les dirigeants il y a peu, gagne du terrain.
Mardi, Mme Merkel avait souligné que "la priorité absolue était d'éviter un défaut de paiement incontrôlé de la Grèce". Une manière de reconnaître qu'un défaut de paiement bien encadré de la Grèce n'est plus à écarter, afin d'éviter une faillite "subie" qui risquerait de se propager à d'autres pays autrement plus importants, comme l'Italie ou l'Espagne.
Au milieu de cette nervosité générale, les grands pays émergents des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ont fait savoir qu'ils allaient discuter la semaine prochaine de la possibilité de venir en aide à l'Europe.
Mais la Chine a déjà quelque peu douché les espoirs des investisseurs. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a évoqué mercredi de façon générale un renforcement des investissements chinois en Europe, mais de nombreux opérateurs espéraient l'annonce d'un soutien plus concret à travers le rachat d'obligations des pays européens les plus endettés.
La tension très forte sur les marchés a été un moment renforcée mercredi par l'abaissement par de l'agence de notation Moody's de la note de deux banques françaises, Société Générale et Crédit Agricole, alors que le secteur est très malmené en Bourse en raison de son exposition aux dettes des Etats européens.
La confirmation par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, de la présentation d'une étude sur les options possibles en vue de créer des euro-obligations, mécanisme de mutualisation des dettes entre pays de la zone euro, a semblé toutefois ramener le calme.
Après une ouverture en nette baisse, les marchés européens ont terminé dans le vert : Paris a progressé de 1,87%, Londres de 1,02% et Francfort de 3,36%. A Madrid même tendance à +2,70% tandis que Milan gagnait 2,69%.
Confiante avant la téléconférence sur la Grèce, la Bourse de New York a ouvert en hausse mercredi, le Dow Jones prenant 0,20% en milieu de séance et le Nasdaq 0,68%.