LILLE (Reuters) - Emmanuel Macron s'est livré samedi à un plaidoyer pour l'Europe et a dévoilé ses propositions pour l'école en proposant notamment de diminuer par deux le nombre d'élèves des petites classes dans les zones d'éducation prioritaire.
Au deuxième jour d'un déplacement dans les Hauts de France, l'ex-ministre de l'Economie a réuni 4.000 personnes dans la salle du Zénith de Lille, où il a joué sur tous les registres de sa différence avec les autres candidats à l'élection présidentielle.
Dans une région de vieille industrie où le chômage est élevé et où le Front national réalise des scores importants, il a défendu sa vision d'une société d'émancipation qui donne à chacun ses chances.
Il a évoqué le sentiment des populations du bassin minier, où il s'est rendu vendredi, d'avoir été la "chair à canon de la mondialisation", pour estimer que, si l'on en arrivé là, "c'est que pendant trop longtemps on n'a pas voulu regarder ce monde en train de changer".
L'émancipation qu'il prône passe par des "opportunités redonnées à celles et ceux qui sont parfois bloqués, assignés à résidence, à qui le société ne propose plus rien, si ce n'est des aides et a laquelle on s'est habitué".
Pour celui qui se présente comme "le candidat du travail", tout commence par un effort sur l'éducation.
Sur ce point, il a annoncé son intention, s'il est élu, de réduire de moitié le nombre d'élèves des 6.000 classes de CP et de CE1 dans les zones d'éducation prioritaires, avec des enseignants mieux rémunérés dans des établissements disposant de plus d'autonomie.
Il s'agit d'investir ainsi pour l'avenir "et éviter d'autres coûts, celui de la délinquance, celui de l'échec et celui du chômage".
Emmanuel Macron a rappelé ses propositions pour faire baisser le coût du travail, simplifier la réglementation pour les entreprises et mettre en place un "vrai service public de la formation et de la qualification tout au long de la vie".
L'EUROPE NOUS REND PLUS FORTS
Alors que l'Europe est aujourd'hui la cible de nombreux responsables politiques français, il a défendu sa nécessité et estimé qu'il fallait construire avec elle une "diplomatie nouvelle" pour faire face aux défis du terrorisme et des migrations.
"Nous avons besoin de l'Europe parce que l'Europe nous rend plus grands, parce que l'Europe nous fait plus forts", a-t-il dit.
Face à la Chine, à la Russie et aux Etats-Unis de Donald Trump, "nous devons avoir une diplomatie indépendante et exigeante mais nous devons aussi avoir une vraie Europe de la sécurité, de la défense".
Emmanuel Macron a plaidé en outre pour une "vraie politique commune de sécurité aux frontières" de l'Europe et en matière de droit d'asile, estimant que ceux qui proposent de mettre fin aux accords de Schengen "sont des naïfs".
L'ancien ministre a ciblé nommément le Front national, accusé de mentir aux Français quand il promet de lutter contre l'insécurité en fermant les frontières nationales.
Dans un public où figuraient des personnalités de gauche, comme l'ancien président de la région Ile-de-France Jean-Paul Huchon, et de droite - Jean-Paul Delevoye, ex-président du Cese (Conseil économique, social et environnemental) - il a multiplié les références à des grands hommes des deux camps, dont Charles de Gaulle, François Mitterrand et l'ancien maire de Lille Pierre Mauroy .
Il s'est même fendu d'un hommage à l'actuelle maire de Lille, Martine Aubry, qui l'a vivement critiqué, lui souhaitant "le meilleur rétablissement possible" après une opération du dos.
Il a conclu son discours avec un appel au rassemblement avec ceux "qui sont aujourd'hui à droite et qui disent vouloir y rester mais ne pas s'y retrouver" et ceux "qui à gauche doutent, mais ne s'y retrouvent plus".
Et il a invité ceux qui ont peur à ne rien céder aux discours de la "haine" et du "repli" pour rejoindre "le mouvement de l'optimisme volontaire, celui de l'espérance, le nôtre".
(Yann Le Guernigou à Paris, édité par Gilles Trequesser)