Le patron du groupe de services Veolia, Henri Proglio, a été désigné lundi par le conseil d'administration d'EDF pour devenir son nouveau patron, et a déjà fait savoir qu'il entendait remettre le groupe d'électricité à la tête de la filière nucléaire.
Au cours d'une réunion qui s'est tenue lundi après-midi, le conseil d'administration d'EDF a proposé à l'Etat de nommer M. Proglio PDG, a-t-on appris de source proche du dossier.
La direction d'EDF n'a pas souhaité faire de commentaire.
La désignation de M. Proglio ne faisait aucun doute car l’Etat, qui détient 84,4% du capital d'EDF, l'avait choisi comme son candidat à la présidence du groupe dès la fin septembre.
Le nomination de M. Proglio à la tête d'EDF doit maintenant être officialisée par un décret du président de la République en Conseil des ministres. Cette nomination devrait intervenir mercredi.
L'administrateur de la CFDT et les 4 administrateurs de la CGT n'ont pas pris part au vote, ont indiqué des représentants syndicaux à l'AFP.
"La CGT ne vote jamais sur les questions de personnes. On le jugera sur pièces", a déclaré Marie-Claire Cailletaud, responsable de la CGT-Energie.
"Quand il dit qu'il faut remettre de l'odre dans la filière nucléaire, ce sont des choses qui nous vont bien", a-t-elle ajouté.
Dans un entretien aux Echos lundi M. Proglio juge qu'"il faut que toute la filière (nucléaire, ndrl) se range derrière EDF", estimant qu'elle ne fonctionne pas dans "la configuration actuelle".
Le groupe nucléaire Areva et EDF se disputent depuis plusieurs années le leadership du nucléaire français.
M. Proglio estime aussi qu'EDF doit élargir sa gamme de produits, au-delà du réacteur nucléaire de 3e génération EPR.
"Connaissez-vous beaucoup d'entreprises disposant d'un seul produit en catalogue?", a souligné le nouveau patron.
M. Proglio a affiche par ailleurs son opposition à la réforme du marché de l'électricité, proposée mi-septembre par le gouvernement et qui conduirait EDF à vendre une partie de son électricité à ses concurrents à prix coûtant.
"C'est non! Et c'est une question de survie. Accepter un dispositif de ce type, ce serait accepter que la boite ne vaille plus rien. Si c'est pour faire ça, ce n'était pas la peine de me nommer", a-t-il déclaré aux Echos.
Cette réforme, qui a pour but de favoriser la concurrence, était initialement prévue pour entrer en vigueur au 1er juillet 2010 mais devrait accuser plusieurs mois de retard.
Les syndicats y sont très opposés.
Enfin, M. Proglio a indiqué qu'il mettrait tout en oeuvre pour amorcer un rapprochement entre EDF et Veolia.
"Sans aller jusqu'à une fusion", il a souhaité que l'électricien soit "un actionnaire d'accompagnement" du leader mondial de l'eau.
Henri Proglio devrait abandonner d'ici mercredi la direction générale de Veolia à Antoine Frérot, actuel patron de la branche eau de l'ex-Générale des Eaux.
Le nouveau patron d'EDF conservera la présidence du conseil d'administration du leader mondial de l'eau.