Le géant européen de l'aérien Lufthansa a dit jeudi vouloir progresser en 2015 grâce au transport de passagers, malgré une concurrence féroce et la menace de nouvelles grèves.
Le groupe, maison mère allemande de la compagnie du même nom, de Swiss, Austrian Airlines et Germanwings, a chiffré jeudi la "nette progression" attendue de sa performance opérationnelle en 2015.
Il entend dégager sur l'exercice en cours un bénéfice d'exploitation Ebit ajusté de "plus de 1,5 milliard d'euros", contre 1,2 milliard d'euros en 2014.
"Nous sommes agréablement surpris que Lufthansa ait donné une prévision précise pour son bénéfice d'exploitation (...) étant donné les incertitudes qui pèsent sur ses activités", soulignait dans une note Jochen Rothenbacher, analyste pour la banque Equinet.
Mais les investisseurs ne lui savaient pas gré de ce chiffrage, et à 10H50 GMT l'action perdait 1,53% à 13,21 euros, signant l'une des plus forte pertes du Dax à Francfort.
Le transport de voyageurs, en particulier au sein de Lufthansa, Germanwings et Austrian Airlines, ainsi que l'activité traiteur doivent permettre au groupe d'atteindre son objectif.
Lufthansa devrait profiter de la baisse des coûts de kérosène, corollaire de la chute du cours du pétrole. Mais un nouveau recul des recettes issues de la vente de billets est à prévoir sous l'effet d'une concurrence féroce venue commes toutes ces dernières années des compagnies low-cost EasyJet et Ryanair, mais aussi des compagnies du Golfe et de Turkish Airlines.
- Nouvelles commandes -
Engagé dans le renouvellement de sa flotte en faveur d'appareils moins gourmands en carburant, Lufthansa a annoncé jeudi avoir commandé neuf avions pour ses compagnies Swiss et Eurowings, pour un prix catalogue d'environ un milliard d'euros.
Fin février, l'entreprise de Cologne (ouest) avait dévoilé par surprise ses résultats financiers pour 2014: elle a dégagé un bénéfice net dividé par près de six sur un an, à 55 millions d'euros.
Lufthansa a été pénalisé par des grèves à répétition -une dizaine en 2014- qui lui ont coûté 232 millions sur l'année, et par des pertes sur des options pour se prémunir d'une hausse des prix du pétrole. La chute vertigineuse du cours de l'or noir depuis l'été, même si elle est globalement positive pour le groupe, a amputé la valeur de ces titres dans ses comptes.
Le chiffre d'affaires est resté stable (-0,1%) à 30 milliards d'euros, sur fond de baisse des prix des billets d'avion, mais le bénéfice d'exploitation a grimpé de 36% à 954 millions.
En normes comptables allemandes toutefois, Lufthansa a subi une perte nette de 732 millions d'euros l'an dernier, à cause de la cession annoncée et déjà prise en compte des activités de services informatiques Lufthansa Systems.
- investissements élevés -
Cela l'a conduit à supprimer le versement d'un dividende au titre de 2014, une décision qui lui avait valu une sanction en Bourse en février.
"D'un côté, toutes les divisions du groupe Lufthansa sont rentables et nous avons atteint notre prévision avec un résultat d'exploitation de près d'un milliard d'euros", a souligné jeudi dans le communiqué Carsten Spohr, aux commandes du groupe depuis mai.
"Nous devons toutefois encore faire progresser notre résultat au vu des investissements élevés" en vue, dans de nouveaux appareils notamment. "Pour cela, nous avons besoin de structures concurrentielles", a-t-il ajouté.
Les projets du groupe de transférer un grand nombre de ses liaisons à ses filiales à bas coûts, pour rester dans la course face à ses rivaux, suscitent la grogne en interne.
La direction est par ailleurs toujours en négociations avec le syndicat Cockpit pour mettre un terme au bras de fer qui les oppose depuis des mois sur le système de départ en pré-retraite des pilotes.