par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Rémy Cointreau a vu ses ventes de cognac poursuivre leur glissade au premier trimestre de son exercice décalé, toujours plombées par la Chine, mais a confirmé tabler sur une possible reprise de ses expéditions à destination de ce pays dans la deuxième partie de son exercice 2014-2015.
Ses ventes de Rémy Martin ont perdu 15,3% à taux de change constants sur le trimestre allant d'avril à juin, après une chute de 32,3% au trimestre précédent, continuant à souffrir d'une poursuite des déstockages en Chine.
Mais le directeur financier du groupe, Luca Marotta, a confirmé vendredi, lors d'une conférence téléphonique, tabler sur un redémarrage des expéditions à destination des grossistes chinois à partir du troisième trimestre, grâce à une amélioration des ventes aux détaillants, bars et restaurants.
Le cognac Rémy Martin pourrait ainsi renouer cette année avec une croissance comprise entre 5% et 10% en Chine, qui pèse pour environ la moitié des profits de la marque, laquelle génère 80% du résultat opérationnel du groupe.
Après une année noire pour le spécialiste du cognac haut de gamme, la confirmation d'une possible sortie du tunnel en fin d'exercice a dopé le titre en Bourse.
"Les tendances montrent que le scénario de reprise est en bonne voie", relèvent les analystes de Gilbert Dupont.
Début juin, Rémy Cointreau avait déjà dit tabler sur un retour à la croissance de ses ventes de cognac en Chine dans la deuxième partie de l'exercice en cours.
A la Bourse de Paris, la valeur prenait 4,5% à 65,4 euros vers 13h45, entraînant Pernod Ricard (+0,8%) dans son sillage.
Luca Marotta a également réitéré sa confiance dans la stratégie de positionnement haut de gamme poursuivie par la marque Rémy Martin en Chine.
"Nous ne pensons pas que le marché chinois sera tiré par des produits moins chers. Ce n'est pas notre scénario", a-t-il dit.
Les ventes du numéro deux français des spiritueux derrière Pernod Ricard ont totalisé 214,8 millions d'euros sur la période allant d'avril à juin 2014, accusant un recul de 18,5% en données publiées.
A taux de change constants, la baisse est ressortie à 5,7%, un chiffre moins élevé que ce que craignaient les analystes qui tablaient en moyenne sur un recul de 7,3%. Le recul du cognac a été en partie compensé par la bonne tenue du pôle liqueurs et spiritueux (Cointreau, Mount Gay, Metaxa), dont les ventes ont augmenté de 11,3% à taux de change constants sur le trimestre. Fort de ces chiffres, le groupe a confirmé tabler sur un retour à la croissance de ses ventes et de ses résultats pour l'exercice 2014-2015.
Plus durement touché que Hennessy (groupe LVMH) ou Martell (Pernod Ricard) par les mesures anti-corruption de Pékin -car davantage exposé aux eaux-de-vies haut de gamme et ultra haut de gamme avec ses flacons de Louis XIII à plus de 2.000 euros- Rémy Cointreau a vu ses ventes annuelles de cognac chuter de 21% en 2013-2014 et son résultat opérationnel plonger de 39%.
(Avec Alexandre Boksenbaum-Granier, édité par Jean-Michel Bélot)