L'Inde a annoncé mardi une réduction de 11% de ses achats de pétrole iranien pour l'année budgétaire en cours, après que Washington a exhorté New Delhi à diminuer ses importations provenant de la république islamique pour l'aider dans son entreprise d'isolement de Téhéran.
Les raffineurs indiens prévoient d'acheter à l'Iran 15,5 millions de tonnes de brut pour l'année budgétaire qui a débuté le 1er avril, contre 17,44 millions l'an dernier, a annoncé au Parlement le secrétaire d'Etat en charge du pétrole.
"Pour réduire sa dépendance à une région particulière dans le monde, l'Inde tente de diversifier ses sources d'approvisionnement en brut pour renforcer la sécurité énergétique du pays", a déclaré R.P.N. Singh, sans plus de détails.
Cette annonce intervient alors que l'Américain Carlos Pascual, en charge du dossier sur le pétrole iranien, est actuellement en visite en Inde dans la foulée de celle de la chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton.
Des responsables indiens avaient auparavant évoqué une réduction possible de l'ordre de 15% à 20%.
L'Inde, fortement assujettie aux importations pétrolières pour alimenter sa solide croissance économique, dépendait l'an dernier du brut iranien à hauteur de 12% de ses importations.
La semaine dernière, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avait demandé au pays de "faire plus" dans la réduction de ses importations de brut iranien.
Les Etats-Unis s'apprêtent à imposer des sanctions, à compter du 28 juin, aux institutions financières de tous les pays qui continueront à acheter du pétrole à l'Iran, principale exportation de la république islamique.
L'Inde avait dit avoir réduit "de façon substantielle" son approvisionnement, après avoir précédemment affirmé que le pays ne se joindrait pas aux efforts américains et européens pour assécher les revenus pétroliers de l'Iran.
Les Occidentaux soupçonnent l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire, ce que conteste Téhéran, qui affirme que son programme d'enrichissement nucléaire n'a pas de visées militaires.
L'ambassade américaine à New Delhi n'a pas commenté le fait de savoir si l'annonce d'une réduction de 11% serait suffisante pour éviter à l'Inde d'être sanctionnée par les Etats-Unis.
Le département d'Etat américain a déjà accordé des dérogations aux membres de l'Union européenne et au Japon, estimant qu'ils faisaient des efforts importants pour réduire leurs achats de pétrole iranien.
Lors de sa visite, Hillary Clinton avait salué les efforts de l'Inde.
Elle avait cependant estimé qu'il y avait un approvisionnement "adéquat" sur le marché pétrolier pour compenser les réductions en provenance d'Iran et que les efforts supplémentaires demandés à l'Inde faisaient partie de son "rôle dans la communauté internationale".
Le ministre indien des Affaires étrangères, S.M. Krishna, avait de son côté assuré que le dossier iranien n'était "pas un motif de discorde entre les deux pays".