La bataille autour de la quatrième licence mobile, qui entre dans sa dernière ligne droite, continue de faire rage: après Orange et SFR, Bouygues Telecom conteste officiellement la procédure, tandis qu'Iliad (Free) apparaît de plus en plus comme le seul candidat possible.
Le plus petit des trois opérateurs français, qui pourrait le plus souffrir de l'arrivée d'un nouveau concurrent, a indiqué mercredi avoir déposé deux recours devant le Conseil d'Etat, l'un contre le prix de la licence (240 millions d'euros), l'autre sur les conditions d'attribution.
Quelques heures plus tard, Vivendi, maison mère de SFR, a elle aussi déclaré avoir saisi le Conseil d'Etat, notamment sur le prix. Contacté, Orange (France Télécom) n'a pas souhaité confirmer s'il avait fait de même. Ces deux opérateurs ont déjà saisi Bruxelles cet été à ce sujet.
Ces annonces surviennent huit jours avant la fin de l'appel à candidatures, le 29 octobre, qui doit permettre l'émergence d'un quatrième opérateur mobile français.
"Nous pensons que les avantages cumulés accordés au quatrième opérateur créent une distorsion de concurrence en défaveur de Bouygues Telecom", a déclaré un porte-parole du groupe, confirmant une information de La Tribune.
Le prix de la licence est l'élément central qui fait grincer les dents des opérateurs: ces derniers avaient payé 619 millions chacun pour obtenir une licence 3G au début des années 2000. Le quatrième acteur ne disposera que d'un tiers de la bande de fréquence, donc le prix a été réduit par le gouvernement.
Mais cette logique ne tient pas, selon les opérateurs qui voudraient que le nouveau venu paie lui aussi 619 millions, juste pour avoir le droit d'entrer sur ce marché.
Bouygues Telecom avait déjà fait un premier recours devant le Conseil d'Etat, rejeté en avril, contre l'obligation faite aux trois opérateurs de donner une partie de leurs fréquences au quatrième.
Si les opérateurs semblent si réticents à laisser entrer un concurrent, c'est que leur marché est juteux, avec près de 59 millions de clients au mobile, soit 91,8% de la population.
Pourtant, de tous les candidats potentiels, seul le fournisseur d'accès internet Free a confirmé officiellement qu'il déposerait un dossier.
Le groupe Bolloré a indiqué mardi qu'il renonçait à postuler, un abandon qui suit celui de l'opérateur égyptien Orascom et de l'opérateur mobile virtuel Kertel.
Restent le câblo-opérateur Numericable et l'opérateur mobile virtuel Virgin Mobile, qui affirment travailler à une candidature commune.
Les deux partenaires, qui doivent dévoiler leur décision jeudi matin, pourraient annoncer leur retrait, fragilisés selon une source proche du dossier par la désaffection d'Orascom, qui devait être leur soutien financier.
Le coût de la licence, auquel s'ajouteront au moins un milliard d'euros pour déployer le réseau, pourrait rebuter les trois fonds actionnaires de Numericable (Carlyle, Altice et Cinven) alors que le groupe reste très endetté.
De même, Omer Telecom, maison mère de Virgin Mobile, a peut-être déjà fait son choix, en rachetant la semaine dernière l'opérateur virtuel Tele2 Mobile France pour 56 millions d'euros. Une stratégie qui lui permet de renforcer son poids dans le mobile à moindre coût.
L'Autorité de régulation des télécoms (Arcep) aura trois semaines à partir du 29 octobre pour publier la liste des candidats recevables et fera connaître son choix, à partir de nombreux critères (couverture du territoire, emploi, accueil des opérateurs virtuels...) le 29 mai 2010 au plus tard.