Un an après la faillite de Lehman Brothers, les grandes banques américaines se redressent alors que le reste de l'économie peine à s'extraire de la crise, même si le crédit à la consommation continue à peser sur leurs bilans.
JPMorgan Chase, Citigroup et Goldman Sachs, qui ont ouvert le bal des résultats du troisième trimestre parmi les grands noms de Wall Street, ont toutes trois dépassé les attentes des analystes.
JPMorgan, première banque américaine par la capitalisation boursière, est celle qui a le mieux tiré son épingle du jeu de la crise: elle a multiplié par sept son bénéfice net à 3,6 milliards de dollars sur un an, grâce à de bonnes performances en banque d'investissement.
Citigroup affiche un petit bénéfice net de 101 millions de dollars contre une perte de 2,8 milliards un an plus tôt, mais enregistre une perte par action en raison d'une charge exceptionnelle liée à sa cession d'une partie de Smith Barney.
Les deux grandes banques généralistes ont insisté sur les difficultés qu'elles rencontrent toujours dans le secteur des crédits pour les particuliers, notamment dans le domaine du crédit à la consommation.
JPMorgan a essuyé une perte de 700 millions de dollars dans les cartes de crédits, et son PDG Jamie Dimon a averti que cette division allait "continuer à perdre de l'argent", des pertes qui pourraient aller "jusqu'à un milliard de dollars" au premier semestre 2010, si la situation économique ne s'améliore pas.
Mêmes inquiétudes chez Citigroup, où les résultats du troisième trimestre incluent une perte de 8 milliards de dollars liée à des prêts.
"Bien que le crédit à la consommation montre des signes d'amélioration sur les marchés internationaux, il continue à pâtir d'un contexte difficile aux Etats-Unis", a commenté Vikram Pandit, directeur général de Citigroup.
Stuart Plesser, analyste de l'agence de notation Standard and Poor's, souligne que les programmes gouvernementaux destinés à aider les particuliers endettés à faire face à leurs arriérés de paiements font peser de grandes incertitudes sur les créances de JPMorgan, mais surtout de Citigroup, qui en détient plus.
Avec un risque élevé de défaut de paiement, et donc de pertes, si la situation de l'économie américaine et du marché de l'emploi ne s'améliorent pas.
Citigroup, qui a évité la faillite à grand renfort de fonds gouvernementaux - 45 milliards de dollars versés depuis un an - a fait du remboursement de ces aides fédérales l'une de ses toutes premières priorités.
JPMorgan, également secourue par le gouvernement à hauteur de 25 milliards au plus fort de la crise, a déjà remboursé les aides reçues.
Parmi les banques d'affaires, Goldman Sachs a multiplié par près de quatre son bénéfice net comparé à l'an dernier, à 3,2 milliards de dollars. De "très bons résultats", selon Jeff Sexton, un autre analyste de Standard and Poor's.
Si les dirigeants de Goldman Sachs s'inquiètent toujours d'un marché du travail "sous pression", ils disent voir des "occasions à saisir partout dans le monde", notamment en Asie et en Chine.
Arguant de ses bons résultats, Goldman Sachs a annoncé qu'il comptait verser 5,351 milliards de dollars au titre des indemnités et bonus à ses employés, deux fois plus qu'il y a un an.
Une attitude presque insolente à l'heure où le taux de chômage atteint 10% dans un pays qui commence tout juste à se remettre de l'effondrement du système financier mondial provoqué par la faillite de la prestigieuse banque d'investissement américaine Lehman Brothers, et où le niveau de rémunération de banquiers suscite l'ire de la classe politique et de l'opinion publique.
Le PDG de Bank of America, Kenneth Lewis, qui va démissionner fin 2009 suite au rachat controversé d'une autre grande banque américaine, Merrill Lynch, a d'ailleurs annoncé jeudi qu'il renonçait à ses salaires et bonus 2009 pour ne pas s'attirer les foudres du gouvernement.
Bank of America devait publier ses résultats vendredi.