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Dans les Alpes, les stations de basse altitude ont peur de l'avenir

Publié le 22/12/2011 10:15

En dépit des apparences, les stations des Alpes françaises, qui ont connu d'importantes chutes de neige cette semaine, pourraient pour les plus basses d'entre elles disparaître à long terme face à la hausse des températures.

"Nous allons vers une disparition des stations de basse altitude, mais quand, je ne sais pas. Le plus tard possible, j'espère", soupire Christophe Sestier, le maire de Saint-Pierre-de-Chartreuse, qui a ouvert le week-end dernier son domaine skiable, avec 70 cm de neige en haut des pistes de ski.

Pourtant en janvier dernier, face au manque de neige, le village, situé à 900 mètres d'altitude et qui ne dispose pas de canons à neige, avait dû, la mort dans l'âme, fermer ses 35 km de pistes pendant trois semaines, provoquant la mise au chômage technique de 40 saisonniers.

"C'était impossible de continuer comme ça", souffle l'élu qui, face à une perte de 80% du chiffre d'affaires des remontées mécaniques, a pris des mesures drastiques pour cet hiver en licenciant quatre employés de la station et en fermant deux remontées mécaniques en dehors des vacances et du mercredi.

Des décisions synonymes de "mort à petit feu", s'insurge le moniteur de ski Bruno Renaudin, qui comme une partie des habitants maudit les Cassandre prédisant des hivers sans neige de plus en plus fréquents.

La quantité de neige dans les Alpes a pourtant "diminué de 30% en 30 ans", selon Christophe Chaix, géoclimatologue de l'Observatoire savoyard du changement climatique.

"Trois fois plus vulnérables aux changements climatiques que le reste de la planète", les Alpes ont vu depuis les années 1980 leur température "augmenter de 1,5°C, ce qui a eu pour effet de remonter la limite pluie-neige", explique le scientifique.

"A long terme, ces stations qui sont en première ligne du réchauffement climatique ne sont pas viables", prédit-il.

Un constat que partage la Région Rhône-Alpes, qui a décidé depuis 2008 de ne plus subventionner d'aménagements liés à la neige.

"Pendant 40 ans, le ski a été la poule aux oeufs d'or, mais aujourd'hui il faut arrêter de se voiler la face et préparer la reconversion des stations de basse altitude", insiste la conseillère régionale écologiste au Tourisme et à la montagne, Claude Comet.

A l'image de Ceüse (Hautes-Alpes) qui n'a pas ouvert un seul jour l'hiver dernier, les stations "sont et seront de plus en plus fragiles", affirme M. Chaix.

Si certains élus regrettent à demi-mot de ne pas avoir investi à temps dans des canons à neige, grands consommateurs d'eau au grand dam des écologistes, ils rechignent aujourd'hui à sauter le pas, notamment en raison du coût de l'installation et des aléas climatiques.

"L'entretien des remontées mécaniques représente un coût exorbitant, c'est impossible d'investir davantage dans des canons", explique Alain Chevalier, le maire de Manteyer, à laquelle appartient Ceüse, toujours en recherche d'un repreneur providentiel pour ouvrir la station.

"Les études montrent que l'investissement est rentable et d'intérêt général. Il permet de sécuriser l'emploi dans les stations", soutient de son côté Laurent Reynaud, délégué général de Domaine skiable de France.

Le maire de Chartreuse, favorable à une reconversion à terme de la commune, devenue cet été la première station dédiée au trail (course en pleine nature), reconnaît avoir été pris de court: "je ne pensais pas que le manque de neige allait arriver si vite, si fort".

"On nous dit de nous diversifier, mais aucune activité ne brasse autant d'argent que le ski", relève prosaïquement le moniteur de ski, relayant l'avis de nombreux acteurs du tourisme.

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