La crise pousse les Européens à mettre un frein à leurs vacances: à peine trois Européens sur cinq prévoient de partir cet été, du jamais vu depuis 2005, les resssortissants du Sud faisant particulièrement les frais de la conjoncture, selon une étude publiée jeudi.
Seuls 58% des populations étudiées (Français, Allemands, Britanniques, Italiens, Espagnols, Belges et Autrichiens) projettent des vacances entre début juin et fin septembre. Cette chute de huit points en un an est inédite dans ce baromètre réalisé depuis 2005 par Ipsos pour Europ Assistance.
"On constate une vraie rupture. Les intentions de départs d'été étaient jusque-là toujours comprises entre 60% et 66%, mais cette année le chiffre est tiré vers le bas par les Italiens, les Espagnols et les Anglais, qui ressentent fortement les effets de la crise", a déclaré à l'AFP le directeur général d'Europ Assistance, Martin Vial.
Le repli est fort "dans les pays où la situation économique et sociale est plus incertaine", Europe du Sud en tête. Le panel n'inclut pas les Grecs.
Environ la moitié des Européens projetant des vacances ont néanmoins prévu des économies sur le budget, redevenu le facteur numéro un dans le choix de la destination.
Les multi-départs se raréfient, et ce, de manière spectaculaire pour les Italiens et les Espagnols. Les séjours seront souvent moins longs, avec une tendance au tourisme dans son propre pays.
Et quatre Européens sur cinq resteront en Europe, la France redevenant la première destination devant l'Italie et l'Espagne, selon l'étude, qui note que "les derniers événements au Maghreb et au Moyen-Orient" dissuadent surtout les Allemands et les Autrichiens d'aller dans ces régions.
Dans le panel étudié, le plus fort recul des intentions de départs concerne les Italiens, pourtant les plus enclins historiquement à boucler leurs valises l'été: seuls 63% prévoient des vacances, 15 points de moins qu'en 2011.
"Il n'y a aucun précédent d'une telle chute dans un pays", relève M. Vial.
"Les gens sont très prudents"
Interrogé par l'AFP, Roberto Corbella, président de l'association des tour-opérateurs italiens Astoi, souligne la lenteur du flux de réservations, en baisse de 10% sur un an à fin mai.
En raison de "l'incertitude générale, de la crise, de l'augmentation des impôts en Italie (...), les gens sont très prudents", et "si la crise ne s'atténue pas, nous enregistrerons une diminution" pouvant atteindre 5 à 10% sur l'ensemble de la saison estivale, prédit-il.
Les intentions de départs des Espagnols (-14 points à 51%) et des Britanniques (-10% à 51%) chutent aussi massivement.
L'an dernier déjà, les Espagnols ont moins voyagé, souligne Alvaro Pacheco, du groupe espagnol voyagiste et hôtelier Barcelo. "Nous observons un grand retard dans les réservations (pour l'été)", dit-il à l'AFP.
Au final, seuls les Français sont plus nombreux que l'an dernier à projeter des vacances d'été (70%, +2 points).
"Les Français sont ceux qui font le plus de tourisme national, plus facile financièrement. Ils préservent aussi davantage leur budget vacances que d'autres Européens", commente M. Vial.
Le budget moyen des vacanciers européens recule de 20 euros à 2.125 euros. Mais il masque de fortes disparités: en hausse de 10% en Allemagne mais amputé d'un quart en Italie... Un tiers des Espagnols et des Italiens comptent dépenser moins qu'en 2011.
Xavier Rousselou, porte-parole de Homelidays, qui met en ligne 80.000 offres de locations de particuliers dont l'essentiel en Europe, note que "la demande des Portugais baisse de 10%".
A l'inverse, l'offre croît: "les propriétaires portugais, tout comme les grecs, sont de plus en plus nombreux à mettre un bien en location, ils cherchent des rentrées financières", dit-il à l'AFP. Il constate aussi "un recentrage sur le domestique, en France, en Italie, en Espagne, au Portugal".