La crise du logement neuf se poursuit, avec une nouvelle plongée des mises en chantier de mars à mai, légèrement moins forte que le mois dernier mais jugée très "préoccupante" par des spécialistes ou acteurs du secteur.
Les mises en chantier de nouveaux logements ont chuté de 19,8% en France pour la période allant de mars à mai 2012, comparé à la même période en 2011, a annoncé mardi le ministère du Logement.
Les chiffres du mois dernier, qui couvraient la période de février à avril, avaient révélé une chute plus importante, de 22,5%, du nombre de mises en chantier.
Mais en chiffres bruts, le nombre de mises en chantier de logements neufs tombe (en cumul) à 72.020, alors qu'il représentait le mois dernier 76.215 unités.
Le nombre de permis de construire pour ces mêmes logements neufs s'enfonce davantage dans le rouge, baissant de 2,7%, contre 2,0% le mois dernier. Il représente désormais en cumul 102.690 logements, au lieu de 101.945 le mois dernier.
"La chute continue et elle est peut-être en train de s'interrompre. Mais sur un niveau de construction particulièrement préoccupant", s'inquiète Michel Mouillart, professeur d'économie à l'université Paris-Ouest et spécialiste du secteur, interrogé par l'AFP.
Même son de cloche du côté des promoteurs. Il s'agit d'une "tendance très préoccupante pour le logement neuf en France", estime François Payelle, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI), dont l'observatoire a aussi noté une baisse de 25% de la commercialisation de logements neufs au premier trimestre.
Selon les chiffres du ministère du Logement publiés fin mai, les ventes de logements neufs au premier trimestre ont chuté de 14,4%.
"Sur les cinq premiers mois de l'année, on n'a jamais vu de niveaux aussi bas depuis 1986", s'inquiète M. Mouillart, qui révise encore à la baisse sa prévision de mises en chantier de logements neufs pour 2012: il n'en attend plus que 300 à 310.000, contre 320 à 340.000 précédemment.
- "tout tombe en panne en même temps" -
"Tout tombe en panne en même temps", explique cet expert: "l'accession sociale à la propriété s'est effondrée avec la suppression du prêt à taux zéro (PTZ+) dans l'ancien, tout comme l'investissement locatif, avec la fin cette année du dispositif Scellier", un rabais fiscal accordé aux investisseurs achetant des logements neufs afin de les louer et mis en place pour juguler l'effondrement des ventes des promoteurs lors de la crise de 2008.
Le dispositif Scellier sera supprimé "au plus tard" le 31 décembre, a confirmé fin mai la ministre du Logement, Cécile Duflot.
En outre, la construction sociale "a amorcé un recul" avec des collectivités locales financièrement "exsangues" et un Etat "en pleine restriction budgétaire", ajoute M. Mouillart.
Par ailleurs, la récente décision du gouvernement de bloquer par décret les loyers à la relocation, "enverra un message négatif aux investisseurs qui amplifiera la crise du logement", selon lui.
Pour l'Union nationale de la propriété immobilière (UNPI), ce blocage poussera des investisseurs à ne "plus venir dans le marché, car l'un des attraits de l'immobilier était cette progressivité possible des revenus".
Quant au projet gouvernemental de doubler le plafond d'épargne du Livret A, M. Mouillart pense que "ce n'est pas avec cela qu'on va enrayer le recul de la construction locative sociale" et il plaide pour "des mesures fortes de soutien de l'Etat aux différents secteurs de la construction".