La France souhaite un accroissement des investissements russes sur son territoire, a déclaré mardi la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq au Premier ministre russe Dmitri Medvedev, qui avait regretté la veille leur niveau insuffisant.
"Une relation commerciale n'est jamais à sens unique", a déclaré Mme Bricq lors d'une rencontre avec M. Medvedev et plusieurs patrons français et russes au siège de l'organisation patronale Medef à Paris.
"Le renforcement des investissements russes est une étape naturelle d'une relation de partenariat équilibrée entre nos deux pays et je l'appelle de mes voeux", a-t-elle ajouté.
"Nos entreprises créent de l'emploi en Russie, c'est bien: je souhaite que les entreprises russes puissent créer autant d'emplois en France", a déclaré la ministre.
"Les investissements français dans notre pays sont beaucoup plus élevés que les investissements russes en France", venait de dire une nouvelle fois M. Medvedev.
"Il est temps de trouver de nouvelles formes de partenariat par des échanges d'actifs, par des projets de coproduction, en particulier dans les hautes technologies et au travers de la coopération dans des pays tiers", avait-il ajouté.
"Les investissements directs français en Russie dépassent 10 milliards de dollars. Mais les investissements russes en France sont très inférieurs", avait déclaré M. Medvedev dans une interview à l'AFP et au Figaro diffusée lundi, peu avant sa visite de travail à Paris lundi et mardi.
"Il me semble que les investisseurs russes sont confrontés à une part de méfiance ou de difficultés administratives", avait-il affirmé.
"La Russie s'intéresse aujourd'hui avant tout aux secteurs de haute technologie car c'est dans ce domaine que se développent le plus intensément les relations franco-russes", a déclaré à l'AFP en marge de la rencontre le ministre russe du développement économique Andreï Belooussov. "Il s'agit plus précisément de l'espace, l'énergie atomique, l'automobile, l'industrie pharmaceutique", a-t-il ajouté.
"Mais plus de 400 sociétés françaises opèrent en Russie et seulement quelques dizaines d'entreprises russes France", a-t-il affirmé. "De notre point de vue, cela est dû au climat de l'investissement en France. Cette économie est très très bureaucratisée", a lancé le ministre dans un large sourire: "il est très difficile d'obtenir des autorisations".
Parmi les coopérations franco-russes concrètes M. Medvedev et Mme Bricq ont cité l'appareil Superjet 100, conçu par le constructeur des fameux chasseurs-bombardiers Soukhoï en partenariat avec les français Snecma et Thales et l'italien Alenia ainsi que les lancements de fusées russes Soyouz depuis Kourou en Guyane française.
Ils ont évoqué le constructeur automobile russe Avtovaz, dont le groupe automobile Renault-Nissan doit prendre d'ici deux ans le contrôle ou le projet Yamal de production de gaz naturel liquéfié dans l'Arctique russe, auquel Total s'est associé.
En 2010, le stock d'investissements directs français en Russie a été de 6,6 milliards d'euros et, plaçant la France au 9e rang. Côté russe ce chiffre avoisinait 0,15 milliard d'euros.