La Commission européenne a exhorté mardi le gouvernement espagnol à tenir l'engagement prévu d'une réduction de moitié environ de son déficit public cette année, alors que les signes de dérapages se multiplient.
"Il est essentiel de ramener sans délai les finances publiques (espagnoles) à un niveau soutenable et de ce fait nous pensons qu'il est essentiel de respecter les objectifs budgétaires en 2012" dans le pays, a prévenu le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, lors d'une conférence de presse, adressant ainsi une fin de non recevoir aux demandes des autorités espagnoles.
Le ministre espagnol du Budget Cristobal Montoro a demandé dimanche dans une interview que l'objectif de déficit public de son pays négocié avec l'UE pour 2012 soit modifié car il est fondé à ses yeux sur des perspectives de croissance qui sont dépassées.
Le nouveau gouvernement conservateur espagnol a augmenté les impôts et réduit les dépenses publiques depuis son entrée en fonction en décembre.
Selon ses données, en 2011, le déficit a été de 8% environ, en baisse par rapport à 2010 (9,3%) mais bien au-dessus de l'objectif de 6% convenu avec Bruxelles par le précédent gouvernement socialiste. Un dérapage que M. Rehn a qualifié mardi de "regrettable".
Pour 2012, l'objectif convenu par Madrid avec l'Union européenne est de ramener le déficit à 4,4% du Produit intérieur brut (PIB).
Le commissaire européen a salué les mesures prises par le nouveau gouvernement de droite en Espagne pour redresser les comptes publics mais il l'a invité à aller plus loin et plus vite car un "trou budgétaire" persiste dans le pays.
"Nous attendons des autorités espagnoles qu'elles donnent de la substance aux mesures annoncées récemment" en matière de réduction du déficit, "qu'elles aillent rapidement de l'avant pour préparer le budget 2012 et aussi qu'elles avancent dans la réforme du marché du travail afin de lutter contre le niveau très élevé de chômage, particulièrement celui des jeunes", a demandé M. Rehn.
Présent à Bruxelles, le ministre espagnol de l'Economie Luis de Guindos a estimé mardi que si Madrid se tient à ces réformes, elle n'aura "pas besoin d'aide de l'Europe".
"Nous avons encore de nombreuses réformes à approuver notamment en ce qui concerne le marché de l'emploi, afin de donner du travail aux jeunes", a-t-il poursuivi. L'Espagne connaît le plus fort taux de chômage de la zone euro: il s'élevait à 22,9% en novembre et explose en ce qui concerne les plus jeunes.
Lundi, la Banque d'Espagne a estimé que le pays devrait retomber en récession en 2012, en accusant une chute de 1,5% de son PIB, et entamer une "modeste reprise" en 2013, avec une croissance de 0,2% du PIB.
Ces chiffres sont très inférieurs aux dernières prévisions de croissance du gouvernement pour 2012 et 2013, qui se situent respectivement à 2,3% et 2,4%.