Le Premier ministre grec Georges Papandreou se présentera jeudi devant ses pairs européens quelque peu conforté par le vote de confiance du parlement sur la nouvelle cure d'austérité pluri-annuelle, dont le gouvernement grec a bouclé mercredi soir les modalités.
Mercredi en fin d'après-midi, le conseil des ministres a approuvé le projet de loi budgétaire 2012-2015 comportant hausses d'impôts, baisse de la dépense publique et une rafale de privatisations, ainsi que les lois d'application, en vue d'un vote avant le 30 juin, comme exigé par les créanciers du pays pour continuer de protéger le pays de la faillite, a indiqué le gouvernement.
Le volet fiscal du projet, prévoyant une hausse des impôts directs et indirects, a été remanié jusqu'au dernier moment.
Le nouveau ministre des Finances rencontrera jeudi les chefs de la troïka, la mission représentant les créanciers de la Grèce, présents à Athènes pour obtenir leur approbation sur les lois d'application, a-t-on appris auprès du ministère des Finances.
Devant les députés, le Premier ministre, après avoir repris l'initiative via un remaniement et un vote de confiance obtenu mardi soir, a mis en avant la nécessité de "continuer à faire face à la crise et aux déficits, éviter la faillite et garantir le maintien de la Grèce dans le noyau dur de l'euro".
S'il n'est pas parvenu à convaincre l'opposition, dont tous les députés présents ont voté la défiance, M. Papandréou a fait dans la nuit le plein des voix socialistes et écarté le risque d'un rejet de sa politique au parlement.
"Le vote de confiance fait indubitablement gagner du temps à la Grèce" a souligné mercredi Tullia Bucco, économiste chez Unicredit, mais il reste des "défis énormes".
L'Allemagne, la France comme la Commission européenne ont d'ailleurs salué ce vote, le qualifiant d'"étape importante" et de "bonne nouvelle pour la Grèce et l'Union européenne".
Mercredi, M. Papandréou s'est entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Nicolas Sarkozy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.
Ils participeront à un conseil européen jeudi et vendredi, qui devait initialement marquer la sortie de 18 mois de crise de la dette, mais s'inscrit finalement dans une course contre la montre pour éviter la banqueroute de la Grèce et un embrasement de la zone euro.
Pour atteindre les objectifs du plan budgétaire, prévoyant d'ici 2015 des économies de 28,4 milliards d'euros et des privatisations de 50 milliards, le texte détaille, selon le ministère des Finances, les coupes budgétaires prévues: réduction des retraites, de certaines allocations sociales, de la masse salariale et du nombre d'emplois dans le secteur public.
Le texte précise également le calendrier et le mode de mise en oeuvre des cessions prévues.
La loi crée un "nouveau fonds" chargé des privatisations, "sous contrôle international", a indiqué au parlement le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos. Les "observateurs" étrangers fourniront "le savoir-faire et veilleront à la transparence", a-t-il précisé.
Le ministre, nommé la semaine dernière, a déployé devant le parlement son talent rhétorique pour redonner du nerf aux Grecs, partagés entre colère et inquiétude face à la rudesse du traitement et les menaces continuant de peser sur la solvabilité du pays.
M. Vénizélos a pu aussi se prévaloir d'une possible aide à la relance de la part des partenaires, alors que la rigueur aggrave la récession et le chômage en Grèce.
Ce coup de pouce passerait par le déblocage accéléré de fonds du cadre communautaire d'appui alloué au pays jusqu'en 2013.
M. Barroso a proposé mardi de débloquer jusqu'à 1 milliard d'euros de subventions de l'UE destinées à la Grèce mais actuellement gelées car Athènes est incapable d'assurer sa part du financement des projets concernés.
Il s'ajouterait à un nouveau plan sauvetage, le premier prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai 2010 par la zone euro et le FMI n'ayant pas permis au pays de retrouver son autonomie financière.
Les syndicats préparent une grève de 48H lors du vote du plan, les sondages placent le gouvernement désormais derrière l'opposition de droite, et les "indignés" poursuivent leur mobilisation, même s'ils n'arrivent plus à rallier des dizaines de milliers de personnes comme au début du mois de juin.