EDF affirme que les centrales nucléaires françaises ont une "marge satisfaisante" pour les mettre à l'abri d'un accident de l'ampleur de Fukushima mais propose quand même des mesures nouvelles pour renforcer leur sécurité.
"L'évaluation complémentaire de robustesse au-delà du domaine de sûreté", demandée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à l'exploitant pour chacune de ses 19 centrales, montre "qu'en ce qui concerne les moyens préventifs de protection des installations contre les effets d'un séisme et d'une inondation, le niveau de robustesse actuel procure une marge satisfaisante au-delà du dimensionnement".
Cette auto-évaluation, selon des critères imposés par l'Etat, illustre également "une bonne robustesse des moyens de secours en place en cas de perte totale et cumulée des sources électriques et de refroidissement", écrit EDF dans chacun des rapports mis en ligne vendredi par l'ASN.
L'exploitant français propose toutefois de mettre en oeuvre plusieurs "parades supplémentaires" pour éviter un scénario similaire à celui de Fukushima: mise en place de pompes autonomes pour préserver une source de refroidissement, groupe électrogène "d'ultime secours" sur chaque site et constitution d'une "Force d'action rapide nucléaire (FARN)" capable d'intervenir n'importe où en France dans les 24 heures.
Le ministre de l'Energie, Eric Besson, a estimé dans un communiqué que "les propositions des exploitants, puis les mesures décidées par l'ASN, permettront de faire encore et toujours progresser la sûreté de nos installations, dont je rappelle qu'elle est déjà extrêmement élevée".
L'ONG Observatoire du nucléaire a jugé "indécente" l'"autosatisfaction d'EDF", estimant qu'"aucune crédibilité" ne peut être accordée à l'auto-évaluation de ses activités par une entreprise commerciale".
Areva arrive de son côté à des conclusions aussi rassurantes qu'EDF pour ses installations de La Hague (Manche), affirmant que les tests de résistance ne font "pas apparaître de risques de nature nouvelle par rapport à ceux pris en compte à la conception".
Le 11 mars dernier, un tremblement de terre et un tsunami hors normes avaient privé la centrale japonaise de Fukushima Daichi d'alimentation électrique et de refroidissement. Les coeurs de trois réacteurs étaient rapidement entrés en fusion, provoquant des explosions et d'importants rejets radioactifs dans l'environnement.
Le gouvernement et l'Union européenne ont donc demandé aux exploitants d'effectuer des tests de résistance pour prendre en compte des phénomènes naturels extrêmes du même type que ceux qui ont frappé au Japon.
Selon EDF, il faudrait au moins 24 heures pour que le coeur d'un de ses réacteurs entre en fusion si une seule pompe subsistait pour alimenter le générateur de vapeur. Un délai qui serait seulement de "quelques heures" si le réacteur était totalement privé de pompe et donc d'injection d'eau.
"Dans cette dernière situation extrême, c'est le confinement assuré par le bâtiment réacteur qui apporte une autonomie de un à trois jours, selon les scénarios d'accidents, avant rejets significatifs dans l'environnement", écrit EDF.
"Au-delà de cette autonomie, ces rejets resteraient très inférieurs à ceux enregistrés à Fukushima", assure encore l'exploitant.
Ces études, ainsi que celles déposées par Areva et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), seront analysées par l'ASN, qui présentera ses conclusions fin 2011 dans un rapport.