Bank of America se préparait à un rebond en Bourse jeudi, étant revenue aux bénéfices en 2011 après deux années de lourdes pertes, grâce notamment au bénéfice net (part du groupe) de 1,58 milliard de dollars enregistré pour le seul quatrième trimestre.
Rapporté au nombre d'actions, le bénéfice annuel revient à 1 cent, alors que les analystes tablaient juste sur l'équilibre. Le bénéfice net s'établit à 85 millions de dollars, contre une perte de 3,6 milliards de dollars en 2010.
Le bénéfice trimestriel de 15 cents par action correspond aux attentes, alors que la banque était dans le rouge un an plus tôt.
La banque de Charlotte (Caroline du Nord, sud-est), qui a perdu la première place aux Etats-Unis en termes d'actifs il y a trois mois, a vu son chiffre d'affaires baisser de 15% pour l'année, à 93,45 milliards de dollars, mais progresser de 11% à 24,89 milliards de dollars pour le seul quatrième trimestre.
Le marché appréciait ces bonnes nouvelles: l'action bondissait de 6,62% à 7,25 dollars dans les échanges avant l'ouverture de la Bourse de New York, après avoir déjà remonté de 20% en deux semaines.
Depuis de longs mois Bank of America était l'une des valeurs bancaires les plus malmenées, ayant perdu plus de la moitié de sa valeur en un an, et le site d'analyse financière 247WallSt.com remarquait jeudi qu'elle restait encore très bon marché.
"Nous abordons 2012 plus forts et plus efficaces après deux ans de simplification de l'entreprise", a souligné le directeur général Brian Moynihan, cité dans un communiqué, rappelant qu'il avait entrepris d'abandonner progressivement des activités "non essentielles".
Au total la cession de ces activités a rapporté 34 milliards de dollars, ce qui a notamment permis de renforcer les fonds propres de la banque, l'un des établissements américains qui a eu le plus de difficultés à s'extirper de la crise financière de 2008.
La seule vente de la parts dans la China Construction Bank (CCB), annoncée en novembre, a débouché sur des recettes chiffrées à 2,9 milliards de dollars.
"Durant le trimestre nous avons fortement renforcé notre capitalisation et nos liquidités", a précisé le directeur financier Bruce Thompson, évoquant un ratio de fonds propres (Tier One common equity ratio) passé de 8,65% à 9,86% en trois mois. "Pour 2012 nous mettrons l'accent sur le renforcement de la capitalisation et des liquidités et la maîtrise des dépenses", a-t-il promis.
Quant au niveau d'activité, M. Moynihan a relevé que "reflétant l'amélioration graduelle de l'économie, nous avons vu une solide activité dans des entreprises de toutes tailles", ce qui a débouché sur une progression des prêts.
Enfin, la banque, qui n'en finit pas de payer les erreurs commises par Countrywide Financial, un émetteur hypothécaire acheté en 2008 qui incarne les pires dérives financières liées à la crise des crédits "subprime", a indiqué qu'elle avait augmenté ses réserves pour faire face au potentiel règlement de poursuites liées aux prêts hypothécaires.
Ces réserves atteignaient 15,9 milliards de dollars au 31 décembre. Au début du mois un analyste de Citigroup avait évaluer le risque financier de Bank of America lié à ces procédures entre 12 et 32 milliards de dollars.
Pour le seul quatrième trimestre 2011, les frais de justice liés à l'activité de prêts immobiliers consentis aux particuliers ont atteint 1,5 milliard de dollars au quatrième trimestre.
En revanche les fonds mis de côté pour éponger les pertes sur le crédit hypothécaire sont passés de 1,2 à 1 milliard de dollars en un an, "reflétant l'amélioration (ndlr: la réduction) des défauts de paiement". Globalement l'activité de prêts immobiliers aux particuliers a enregistré une perte nette de 1,5 milliard de dollars au quatrième trimestre, fortement réduite par rapport au trou de 4,9 milliards de dollars fin 2010.