Le Fonds monétaire international a annoncé lundi avoir retenu deux candidatures pour le poste de directeur général, celle de la favorite, la Française Christine Lagarde, et celle du Mexicain Agustin Carstens, tandis que l'Israélien Stanley Fischer était écarté.
Le conseil d'administration du FMI "va étudier les candidatures d'Agustin Carstens et de Christine Lagarde pour le poste de directeur général", a indiqué l'institution dans un communiqué.
La ministre française de l'Economie, 55 ans, et le gouverneur de la Banque du Mexique, 53 ans, étaient entrés en lice très tôt.
Le nom de Mme Lagarde avait été avancé alors même que M. Strauss-Kahn était incarcéré dans une affaire de crimes sexuels et n'avait pas quitté son poste. Elle avait confirmé le 25 mai qu'elle serait candidate.
Le Mexique avait annoncé la candidature du gouverneur de sa banque centrale dès le 22 mai, soit cinq jours après la démission du Français Dominique Strauss-Kahn.
Contrairement à eux, M. Fischer n'aura pas eu le temps de faire campagne. Il avait surpris en rendant publique son entrée dans la course samedi, au lendemain de la clôture des candidatures. Mais le conseil d'administration a décidé lundi que la sienne ne remplissait pas les critères requis.
Il est âgé de 67 ans, or le conseil d'administration a invoqué "le règlement du FMI", qui fixe l'âge limite pour le poste à 65 ans.
C'est cette instance qui doit, d'ici au 30 juin, désigner "par consensus", ou à défaut par un vote, le successeur au Français Dominique Strauss-Kahn. Elle est composée des représentants de vingt-quatre pays ou groupes de pays, dont sept de l'Union européenne.
Au fur et à mesure que Mme Lagarde a glané des soutiens, avec l'Afrique subsaharienne vendredi, puis l'Indonésie, l'Egypte et les Emirats arabes unis dimanche, le suspense s'est réduit.
M. Carstens lui-même en voit peu. "Les chances pour Christine Lagarde de se faire élire sont très élevées. Je suis sûr qu'elle fera une bonne directrice générale", a-t-il affirmé lundi, lors d'une conférence à Washington, en réponse à une question sur la candidature de la Française.
Il venait de rencontrer le secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Timothy Geithner, qui, a rapporté le Mexicain, "ne s'est engagé ni dans un sens ni dans l'autre".
M. Carstens a cependant déploré la façon dont s'est imposée la représentante des Européens, lesquels selon lui "n'ont pas joué le jeu" d'un processus de sélection "ouvert, fondé sur le mérite et transparent".
"Il pourrait y avoir conflit d'intérêt" entre l'Union européenne et un FMI dirigé par Mme Lagarde, a-t-il aussi avancé. "Nous aurions une situation où les emprunteurs domineraient une institution créancière. Je pense que c'est un problème qu'il faut examiner", a-t-il ajouté.
Les pays européens, dont la Grèce, l'Irlande et le Portugal, sont aujourd'hui de loin les plus grands emprunteurs au FMI. Or, le candidat mexicain a estimé que s'il était préféré à la Française, "ce serait un avantage dans le sens où le FMI ne serait pas perçu comme travaillant pour des intérêts européens".
M. Fischer a placé ses critiques sur un autre terrain, celui de la compétence. Dans un entretien au Wall Street Journal, il a estimé que dans le cas d'une crise grave où s'expriment des avis divergents, "sans une formation solide, il est très difficile de savoir qui est dans le vrai et qui a tort", sans citer Mme Lagarde et sa formation de juriste directement.
Les deux candidats doivent désormais être entendus par le conseil d'administration.