Orange va héberger Free (groupe Iliad), qui doit se lancer dans le mobile en 2012, sur son réseau, assurant par là au trublion de l'internet une couverture dans toute la France et surtout, la possibilité d'offrir à tous ses clients la navigation sur internet depuis leur smartphone.
"Au terme d'un processus de négociation de plusieurs mois, Free Mobile (groupe Iliad) et Orange ont signé le 2 mars 2011 un accord d'itinérance nationale mobile 2G, élargi à la 3G", ont indiqué les deux sociétés dans un communiqué commun.
"On a signé un accord avec Free pour l'héberger sur notre réseau 3G et pour lui permettre --lorsqu'il lancera son service de téléphonie mobile l'année prochaine-- d'avoir accès à l'internet mobile", a indiqué le PDG de France Télécom-Orange, Stéphane Richard, lors d'une interview sur France Inter.
"C'est pour nous une façon de ne pas entraver la concurrence, et on ne veut pas être dans ce rôle là", a-t-il souligné. C'est également, selon M. Richard, "une façon de valoriser un investissement très important qu'on a fait dans notre réseau".
Ce contrat devrait en effet rapporter à l'opérateur historique "au moins un milliard d'euros de recettes sur les 6 ans" prévus dans le contrat, a indiqué le directeur général d'Iliad, Maxime Lombardini, interrogé par l'AFP.
Pour lui, France Télécom a fait un "choix stratégique" en se disant "le quatrième opérateur existera, il aura accès à l'itinérance, soit de manière négociée soit au travers d'un contentieux, à un moment ou un autre, et c'est peut-être plus intelligent de négocier avec lui un bon contrat".
"Cet accord sera effectif lorsque Free Mobile, qui a pris l'engagement dans sa licence de déployer d'ici 2018 un réseau en propre couvrant au moins 90% de la population, disposera d'une couverture d'au moins 25% de la population", précise le communiqué.
Free Mobile doit ouvrir ses premières lignes début 2012. Son patron Xavier Niel, qui a fait sa réputation dans l'internet en lançant en 2002 sa "box" au prix très avantageux de 29,90 euros par mois, avait promis de diviser par deux la facture mobile d'un ménage français moyen.
L'opérateur avait remporté un bloc de fréquences en décembre 2009, pour lequel il a déboursé 240 millions d'euros. Au total, l'investissement, déploiement du réseau compris, avait alors été estimé à deux milliards d'euros.
Iliad a l'obligation de couvrir avec ses propres antennes 25% de la population avec les fréquences obtenues.
Mais pour que son projet soit viable, il devait obligatoirement trouver un accord avec d'autres opérateurs afin d'atteindre rapidement une couverture nationale, et augmenter ses capacités en 3G afin de répondre à l'engouement pour les smartphones, ces téléphones multifonctions permettant de naviguer sur internet.
Les négociations avec ses futurs concurrents avaient un temps piétiné, à tel point que l'Autorité de la concurrence était intervenue en juin, rappelant qu'il était vital pour Free de "bénéficier rapidement d'une prestation d'itinérance" au risque d'être "pénalisé", voire "évincé" du marché.
Se félicitant de s'être associé avec l'opérateur historique, "qui a le meilleur réseau", M. Lombardini a souligné que l'accord va permettre à Orange de bénéficier d'"un niveau de marge élevé puisqu'il ne s'agit pas de reconstruire un réseau pour nous, mais d'utiliser celui qui existe".
L'Arcep, le gendarme des télécoms, a salué l'accord alors que le marché mobile en France "dispose encore d'un important potentiel de croissance". Il a rappelé qu'il était nécessaire que Free Mobile ne soit pas "handicapé par rapport aux autres opérateurs lors de l'ouverture commerciale de son réseau".