Les fruits et légumes bio, presque 70% plus chers que les traditionnels, restent onéreux pour nombre de Français, pourtant incités à faire le plein de vitamines pour leur santé.
Pour la première fois l'association "Familles rurales" s'est penchée sur les prix des primeurs bio dans le cadre de son quatrième observatoire annuel, l'objectif étant de faire la comparaison avec la production conventionnelle.
Cette démarche qui sera poursuivie chaque année répond à "une demande de plus en plus forte des Français pour le bio", a affirmé mardi Thierry Damien, président de l'association.
"Certes, on s'attendait à une différence de prix avec les fruits et légumes conventionnels mais pas à ce niveau", a-t-il souligné, qualifiant l'écart "d'énorme".
L'enquête a été menée pendant deux semaines, à la mi-juin et à la mi-juillet, dans 38 départements sur un panel de huit fruits et autant de légumes.
Elle relève que le prix moyen des fruits bio (pomme, melon, abricot, cerise, fraise, pêche, nectarine, poire) est 68% plus élevé que celui des conventionnels. Pour les légumes (aubergine, carotte, courgette, haricot vert, poivron, pomme de terre, tomate, salade), l’ordre de grandeur reste le même (+69%).
Pour certains produits, les disparités atteignent des sommets. Nectarines (+121%) et haricots verts (+106,6%) coûtent plus du double en bio.
Les fruits et légumes bio sont "inacessibles" à la très grande majorité des Français, insiste M. Damien. Selon lui, "c'est un produit de niche qui ne concerne pas 95% de la population française".
Les coûts élevés des produits bio, tous types confondus, sont régulièrement pointés du doigt par les associations de défense des consommateurs, au contraire du discours officiel qui parle en général d'un écart de 20 à 30%.
Déjà une enquête réalisée en novembre 2009 par le magazine Linéaires relevait que les produits bio coûtaient 72% plus cher dans les grandes surfaces que les produits conventionnels correspondants. Pour les fruits et légumes, l'écart de prix atteignait même 90%.
"Dans le secteur des fruits et légumes, la comparaison des prix n'est pas facile car il y a une très forte variabilité suivant les lieux de vente, les saisons et les disponibilités", a affirmé à l'AFP Elisabeth Mercier, directrice de l'Agence Bio, groupement d'intérêt public pour la promotion de l'agriculture biologique.
"C'est logique qu'il y ait un écart. C'est le reflet des engagements bio en raison de la non-utilisation d'engrais, de désherbants et de pesticides chimiques", a estimé Mme Mercier, sans préciser à combien pourrait se monter l'écart.
Au delà du coût élevé des produits bio, "Familles rurales" dit surtout "regretter" la consommation insuffisante des Français en fruits et légumes.
En France, deux familles sur 10 seulement, fait valoir M. Damien, suivent les préconisations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), soit consommer 400 grammes de fruits et légumes par jour. Principal obstacle, le prix.
Selon l'enquête, les fruits non bio ont augmenté de 11,1% et celui des légumes de 5,5% par rapport à 2009, année pourtant marquée par des prix bas (-20% en moyenne).
Si une personne suit les recommandations de l'OMS, le budget quotidien sera de 1,04 euro par jour contre 0,95 euro l'année dernière, soit un budget mensuel de près de 150 euros pour une famille de quatre personnes.