Maires et employés municipaux, instituteurs, médecins et militaires en tenue : plusieurs milliers de Grecs ont manifesté mercredi à Athènes, sur fond de grèves sectorielles et de débrayages contre les nouvelles économies prévues par un plan négocié avec l'UE et le FMI.
Le plus gros cortège était celui des fonctionnaires municipaux, protestant en début d'après-midi contre une réduction des subventions publiques, s'élevant, selon Christos Kortzidis, le maire d'Hellenikon, dans la banlieue d'Athènes, "à plus de 65% depuis 2009".
Cela met les mairies, qui assument de nombreuses prestations sociales, "au bord de la cessation de paiement", a-t-il affirmé à l'AFP, alors que les services municipaux devraient rester fermés jeudi.
"Il n'y a plus de budget pour nous payer", se plaignait Irini Kontou, 41 ans, puéricultrice, qui a déjà vu son salaire réduit de 40% après deux plans d'austérité déjà administrés au pays surendetté.
La réduction du financement des collectivités locales est l'une des mesures actuellement discutées entre Athènes et la troïka représentant ses bailleurs de fonds pour atteindre l'objectif de 11,5 milliards d'économies budgétaires en 2013 et 2014.
Les médecins, dont les salaires sont menacés de nouvelles réductions, et les enseignants dénonçant la grande misère de l'éducation publique, ont aussi battu le pavé mercredi pour dénoncer le nouveau tour de vis.
La grève de 24H annoncée dans les écoles primaires le jour même de la rentrée semblait toutefois peu suivie, tandis que l'activité de grands hôpitaux d'Athènes était normale.
Le ministre de l'Education, Constantin Arvanitopoulos, a reconnu que ni les moyens ni les salaires n'étaient "à la hauteur de la mission", mais jugé que les enseignants devaient avoir conscience de leur "devoir national".
"Ca devient un peu obsolète ces grèves, il faudrait trouver un autre moyen de réagir", soupirait au départ du défilé Eva, 36 ans, professeur d'arts plastiques, au salaire réduit de 1.200 à 900 euros.
"Ils nous poussent vers l'extrême pauvreté" proclamait une banderole, "Santé gratuite pour tous", revendiquait une autre.
Après les policiers, pompiers et gardes-côtes la semaine dernière, des centaines de militaires, dont certains en tenue, ont également manifesté en fin d'après-midi dans le centre-ville.
"Non au bradage de la patrie", proclamait leur principale banderole.
"On n'en peut plus, actuellement je gagne 19.000 euros par an après plus de 20 ans dans le service, et avec les nouvelles coupes prévues, mes revenus vont baisser à 17.000 euros", explique le capitaine Mihalis Daskalakis, 43 ans, père de deux enfants.
"Avant la crise, en 2009, je gagnais 24.000", dit-il.
Il s'agit de la deuxième manifestation des militaires depuis 2010, début de la crise de la dette, en dépit de l'interdiction de principe d'activité syndicale dans leur corps. Toutefois, une association pour réclamer leurs droits avait été alors créée, ce qui leur permet de descendre dans la rue.