La banque centrale américaine (Fed) tient mardi et mercredi une réunion de politique monétaire qui devrait déboucher sur le maintien du soutien énorme qu'elle apporte à la reprise économique aux Etats-Unis à l'heure où celle-ci donne des signes de ralentissement.
Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) devrait annoncer à l'issue de sa session que la Réserve fédérale maintiendra son taux directeur quasi nul en vigueur depuis décembre 2008 et poursuivra comme prévu jusqu'en juin son opération lancée en octobre pour faire baisser encore un peu plus les taux d'intérêt à long terme.
Après deux mois de créations d'emploi robustes, les embauches ont nettement ralenti aux Etats-Unis en mars, selon les chiffres officiels, et les derniers indicateurs économiques, témoignant de la poursuite d'une croissance lente, sont apparus plutôt décevants, tandis que l'inflation, toujours élevée, continue de ralentir.
Près de trois ans après le début de la reprise, le président de la Fed, Ben Bernanke, a déclaré le 9 avril que l'économie américaine était "loin de s'être complètement remise" de la crise financière.
Trois jours plus tard, le vice-président du FOMC, William Dudley, disait publiquement que, en dépit de performances "assurément encourageantes" sur l'ensemble du premier trimestre, les Etats-Unis n'étaient toujours pas "tirés d'affaire".
Les positions des deux hommes illustrent le courant majoritaire au sein du Comité et plaident pour le maintien du cap de politique monétaire actuel.
"La reprise s'atténue, mais pas suffisamment pour justifier que le FOMC agisse immédiatement", expliquent Aaron Smith et Ryan Sweet économistes de Mooody's Analytics dans une note.
Le communiqué que publiera le Comité à l'issue de sa réunion "ne devrait pas présenter de changement majeur sur la perception qu'a la Fed de la conjoncture", estime Michael Gregory, économiste de BMO Marchés des capitaux.
En l'absence attendue de modification de la politique monétaire et moins de quarante-huit heures avant la publication de la première estimation officielle de la croissance économique américaine du premier trimestre (qui devrait s'être établie autour de 2,5-3,0%), les nouvelles prévisions économiques des membres du Comité et la conférence de presse de M. Bernanke après la rencontre, devraient retenir l'attention.
Elles "mettront en lumière la façon dont la banque centrale évalue les données économiques récentes", indiquent les chercheurs de Moody's Analytics à l'heure où la nature probablement temporaire du ralentissement est débattue.
Mais finalement, estime Marion Laboure, de Barclays Capital, le Comité "maintiendra son point de vue selon lequel l'économie devrait croître à un rythme modéré dans les trimestres qui viennent".
Cette attitude prudente ne devrait vraisemblablement pas entraîner de modification de l'engagement - conditionné à l'évolution de la conjoncture - pris par le FOMC en janvier de maintenir un taux directeur "exceptionnellement bas" (il fluctue actuellement entre 0 et 0,25%) jusque fin 2014 au moins.