Le yuan perdait du terrain mardi pour la première fois en deux semaines, après l'assouplissement par la Chine de certains contrôles sur les mouvements de capitaux -- de quoi renforcer l'idée que Pékin s'efforce d'enrayer le renchérissement de sa devise.
La banque centrale chinoise (PBOC) a abaissé mardi à 6,5277 yuans pour un dollar, en recul de 0,43% par rapport à lundi, le taux-pivot autour duquel le renminbi (autre nom du yuan) est autorisé à fluctuer face au billet vert.
C'est le premier abaissement en 11 séances, durant lesquelles le yuan n'avait cessé de s'apprécier jusqu'à atteindre un sommet depuis 16 mois.
Le régime continue d'encadrer la convertibilité du yuan, qui ne peut fluctuer que dans une fourchette quotidienne de 2% de part et d'autre du taux-pivot déterminé par la PBOC -- même si celle-ci assure tenir compte des pressions du marché.
Ce renversement de tendance intervient au lendemain de l'annonce, par un quotidien financier chinois contrôlé par la banque centrale, d'un assouplissement sur les transactions transfrontalières.
Ainsi, la PBOC n'exigera plus des établissements bancaires qu'ils mettent de côté un dépôt de 20% sur les ventes à terme de devises étrangères -- une règle imposée en 2015 pour restreindre les colossales fuites de capitaux hors de Chine.
De même, les institutions financières étrangères réalisant des opérations sur le yuan dans le pays ne seront plus sommées de placer des réserves dans des banques chinoises continentales, ajoute le journal.
De l'avis de certains observateurs, cela montre que Pékin ne voyait plus d'un oeil favorable le renchérissement-éclair du yuan face au dollar.
"C'est un signal extrêmement clair d'un recul (des autorités) sur les contrôles de capitaux", souligne Eddie Cheung, un analyste de Standard Chartered (LON:STAN) cité par l'agence Bloomberg.
Pour lui, rien de surprenant néanmoins: "Il est indéniable que la récente appréciation du yuan a été bien trop rapide. Le yuan pourrait fluctuer à la hausse et à la baisse à court terme, le temps que les marchés digèrent la nouvelle donne", prédit-il.
De son côté, Sun Guofeng, chef des recherches de la PBOC cité dans la presse d'Etat, a assuré que la stabilisation de l'économie chinoise rendait nécessaire cet "ajustement" des règles.
Après une dévaluation de 5% orchestrée en août 2015 par Pékin, le renminbi était resté jusqu'à mi-2017 sous forte pression en raison d'une conjoncture chinoise morose, d'un dollar fort, et -- surtout -- de colossales fuites de capitaux hors de Chine.
Les autorités avaient adopté, dès 2015, des mesures drastiques pour limiter cette hémorragie -- dont la plupart restent en place. La Chine s'était également efforcée d'enrayer la dégringolade du cours du yuan en puisant dans ses abondantes réserves de changes.
Avec un succès limité: la monnaie chinoise avait tutoyé fin 2016 les 7 yuans pour un dollar, glissant à son plus bas niveau depuis huit ans.