La croissance économique a ralenti au troisième trimestre en France, à 0,4%, conforme aux prévisions et en ligne avec les attentes du gouvernement qui a salué une "bonne nouvelle" mais sans convaincre des économistes restés sur leur faim.
Depuis le sommet du G20 à Séoul, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, interrogée par l'AFP, s'est réjouie d'"un bon chiffre qui consolide l'entrée dans l'après-crise".
Il s'inscrit, a-t-elle souligné, "dans un contexte international qui s'est un peu tassé, avec beaucoup de révisions de croissance" à la baisse parmi les principales puissances économiques.
La performance française égale celle de l'ensemble de la zone euro, mais reste en-deçà de la croissance allemande, qui après un bond spectaculaire de 2,3% au printemps a encore progressé de 0,7% l'été dernier.
En France, après 0,2% au premier trimestre et l'embellie du deuxième (plus 0,7%), la croissance devrait atteindre voire dépasser 1,6% cette année, sauf surprise de dernière minute, selon les prévisions de l'Institut national de la statistique et des Etudes économiques (Insee). L'Insee attend à nouveau une progression du Produit intérieur brut (PIB) de 0,4% au quatrième trimestre.
"On a déjà engrangé notre objectif de croissance", soit 1,5%, a ainsi observé Christine Lagarde depuis Séoul.
Voici pour les bonnes nouvelles. Mais au chapitre des mauvaises, les économistes se montrent aussi sceptiques que sévères. Nicolas Bouzou (Asterès), dénonce les "discours lénifiants" et même "faux" du gouvernement. Le chiffre du troisième trimestre, fait-il valoir, est "un peu en trompe-l'oeil" et ne parvient pas à faire oublier "les grandes fragilités de l'économie française".
"La croissance est certes de retour, mais elle est désespérément molle", renchérit Alexander Law (Xerfi). Quant à Marc Touati (Global Equities), il fustige le "marketing bien pensant" des dirigeants français.
Dans le détail, le traditionnel moteur de l'activité économique en France, les dépenses de consommation des ménages, a tenu ses promesses, progressant plus vivement au troisième trimestre qu’au deuxième (plus 0,6% après plus 0,3%).
"Les Français ont recommencé à investir dans le logement", a également noté la ministre, tout comme l'Insee qui a relevé une "accélération" de l'investissement des ménages dans l'immobilier (plus un pour cent après 0,2%).
Plusieurs facteurs viennent cependant tempérer cet enthousiasme. Ainsi, l'investissement en général a ralenti au troisième trimestre (plus 0,5% après plus 0,9%) même s'il poursuit sa progression et le déficit du commerce extérieur continue de peser sur la croissance.
Autre facteur d'inquiétude, la croissance provient de nouveau en grande partie des stocks des entreprises qui se sont accrus: cela fait mécaniquement grimper le PIB, sans être nécessairement un signe de bonne santé économique.
Selon Alexander Law, "cela ne signifie pas pour autant que les entreprises ont accumulé les stocks dans l'anticipation d'une forte demande au cours des prochains mois", mais simplement qu'ils ont cessé d'écouler leurs stocks anciens comme ils l'ont fait au plus fort de la crise.
Pour 2011, la ministre de l'Economie se veut toutefois optimiste. La prévision gouvernementale de deux pour cent de croissance l'an prochain qu'elle "maintient" apparaît, selon elle, "raisonnable" même si, de son propre aveu, le gouvernement se situe "plutôt dans la fourchette haute" des "prévisions internationales", qui "varient de 1,6 à 2,1%".