Le secteur de l'hôtellerie-restauration grec a inauguré jeudi le passage provisoire de la TVA de 23 à 13% décidé par le gouvernement qui parie sur une hausse de la consommation et une baisse de l'évasion fiscale pour compenser une diminution des recettes.
Le relèvement de la TVA avait été l'une des premières mesures appliquées par la Grèce en 2010, lors de l'éclosion de la crise de la dette, en échange des prêts de ses partenaires européens et du FMI pour lui éviter une faillite imminente.
Plusieurs fois escomptée puis repoussée, la baisse du taux pour le secteur de l'hôtellerie-restauration a été entérinée par la troïka des bailleurs de fonds du pays UE-BCE-FMI et présentée par le gouvernement du conservateur Antonis Samaras comme un succès dans sa lutte pour sortir le pays de son marasme économique.
Quitte ou double
Mais l'exécutif grec joue aussi à quitte ou double, prenant le risque de déséquilibrer ses fragiles recettes si la baisse de la TVA ne s'accompagne pas d'une hausse de la consommation dans l'hôtellerie-restauration, un secteur stratégique pour la Grèce où le tourisme reste l'un des principaux espoirs de relance de l'économie.
L'abaissement à 13% ne sera donc valable, dans un premier temps, que jusqu'au 31 décembre, manière pour le gouvernement de faire pression sur les professionnels pour qu'ils baissent leurs prix afin de relancer la consommation.
Dans l'accord signé entre le ministère des Finances et les représentants de la profession, la possibilité d'une baisse des prix de 5 à 8% est évoquée. Les établissements qui s'y conformeront pourront apposer sur leur devanture une affiche bleu et orange spécialement conçue, en anglais et en grec, pour signaler leur adhésion à la mesure.
Des doutes subsistent cependant sur la capacité des autorités de contrôler l'application de la baisse des prix.
L'autre pari du gouvernement est de lutter plus efficacement contre la fraude fiscale, endémique du secteur touristique. Les premiers contrôles estivaux effectués par la brigade financière SDOE ont révélé un taux de fraude de 50%, montant à 80% sur les établissements contrôlés sur l'île cycladique très touristique de Santorin en mer Egée.
Les rapports de l'UE et du FMI sur la situation de la Grèce publiés cette semaine ont particulièrement souligné cette faiblesse structurelle du pays.
Le ministère des Finances a annoncé qu'il allait renforcer les inspections tout l'été, envisageant même de sanctionner les contrevenants d'une fermeture administrative de 48H00, assortie d'une affiche "fermée pour cause de fraude fiscale", selon le quotidien Ta Nea.
Mais la presse ironisait surtout jeudi sur la confusion de la nouvelle règlementation qui prévoit une TVA à plusieurs vitesses selon les catégories de produits et l'endroit où ils sont consommés, comme les boissons non alcoolisés à 13% de TVA sur place mais à 23% à emporter.