La Grèce va devoir massivement privatiser d'ici 2015 pour combler sa dette et sortir de la crise, un "défi majeur" après les gros efforts d'assainissement budgétaire déjà réalisés et salués vendredi par le FMI, la Commission et la Banque centrale européennes.
Athènes doit recevoir en mars la quatrième tranche --d'un montant de 15 milliards d'euros-- du prêt de 110 milliards d'euros accordé en mai par la zone euro et le Fonds monétaire international pour éviter la faillite du pays.
La "Troïka", comme les Grecs appellent leurs créanciers, a salué vendredi au cours d'une conférence de presse les progrès réalisés par le pays, qui a réduit en un an de six points de pourcentage son déficit public, tombé à 9,4% du produit intérieur brut (PIB) contre 15,4%.
Mais, après une inspection complète des finances du pays, elle a jugé vendredi que les réformes structurelles devaient être encore "accélérées" et "étendues", pour que les objectifs de réduction du déficit au dessous de 3% du PIB en 2014 soit tenus.
"Le programme est dans les clous", a indiqué le représentant du FMI Poul Thomsen, "mais il ne sera pas réalisé sans une accélération significative, et un élargissement des réformes" a-t-il averti.
Ainsi, après avoir réformé les retraites, abaissé les salaires des fonctionnaires et engagé une vaste réforme pour ouvrir à la concurrence une myriade de professions jusqu'à présent protégées, le gouvernement grec est désormais sommé de procéder à une réforme de l'administration fiscale pour mieux lutter contre la fraude, à restructurer son secteur bancaire et à mieux contrôler ses dépenses publiques, notamment dans le secteur de la santé.
Selon des sources du ministère des Finances, les mesures nécessaires pour 2012-2014 représentent 8% du PIB, et elles seront présentées aux Grecs fin mars, pour être votées par le parlement d'ici la mi-mai.
"2011 va être une année décisive pour la Grèce pour restaurer la crédibilité de sa politique économique, ce qui est une condition nécessaire pour regagner l'accès aux marchés à long terme dans le courant de l'an prochain" a prévenu le représentant de la Commission Servaas Deroose.
L'annonce qui a le plus frappé les esprits porte sur la révision à la hausse de l'objectif de privatisations destinées à permettre au pays de rester à flot: 50 milliards d'euros d'ici 2015, dont 15 milliards d'ici 2013 au lieu des 7 milliards initialement annoncés.
Cet objectif, issu d'une estimation du gouvernement, est "faisable" et "réaliste" a jugé M. Deroose.
Pour le mener à bien, un "portefeuille des participations et d'immobilier commercialement exploitables" sera réalisé, selon une source au ministère des Finances.
"Personne ne veut que la Grèce mette en danger son héritage culturel", a répondu Poul Thomsen du FMI à la remarque acide d'un journaliste grec sur la vente à envisager, au vu du montant fixé, de monuments de l'Antiquité.
Devant la multiplication des mouvements sociaux en Grèce s'opposant aux changements, et alors qu'une nouvelle grève générale est prévue pour le 23 février, M. Thomsen a admis qu'il "comprenait" que des gens ne soient pas contents.
Le plan d'austérité, combinant baisse des salaires des fonctionnaires et des pensions pour réduire la dépense publique et hausse des taxes pour augmenter les recettes de l'Etat, a en effet amplifié le ralentissement de l'économie du pays perceptible depuis 2008.
La Grèce est ainsi le seul pays de l'Union européenne à traverser sa troisième année consécutive de récession, avec une croissance négative du PIB encore attendue sur 2011. Le chômage doit dépasser les 14%, les jeunes de moins de 25 ans étant les plus touchés.