La taxation de l'électricité au titre de la Contribution climat énergie (CCE ou taxe carbone) n'a pas été retenue par la conférence des experts présidée par Michel Rocard, qui a cependant suggéré l'instauration de tarifs différenciés aux heures de pointes.
Afin d'exclure l'électricité du champ de la CCE, les experts ont notamment souligné que les producteurs d'électricité étaient déjà soumis aux permis d'émissions de CO2.
A partir de 2013, "EDF va payer pour ses émissions de CO2" selon un système de vente aux enchères, explique Colette Lewiner, analyste chez Capgemini.
"S'il s'agit de rajouter une nouvelle taxe, pourquoi pas, mais on empile les dispositifs", remarque pour sa part Charles Beigbeder, président du fournisseur d'électricité Poweo.
Autre argument: l'électricité française est produite dans sa grande majorité sans émission de CO2 (76% provient du nucléaire, 12% de l'hydraulique, 1% de l'éolien).
"Cela n'a pas de sens de taxer l'électricité alors qu'elle n'est produite qu'en faible partie à partir de combustible fossile" (9,7%), estime Mme Lewiner.
Selon un rapport du cabinet PWC publié fin 2008, EDF est en effet un des groupes qui émet le moins de CO2 par mégawatt/heure (MWh) produit. A 145 kilos de CO2 par MWh, le groupe français est très en dessous de la moyenne européenne (373 kilos/MWh).
Les défenseurs de la taxation remarquent cependant que l'existence d'un tarif régulé (fixé par l'Etat), n'intégrant pas le coût du CO2, empêche les consommateurs de prendre conscience du "contenu carbone" de l'électricité qu'ils consomment.
"Lancer sa machine à laver en hiver entre 18h et 20h, ça coûte très cher à la collectivité en termes d'émission de CO2", remarque Patrick Larradet, administrateur CFDT au Réseau de Transport d'électricité (RTE).
L'électricité consommée le soir en hiver émet en effet bien plus de CO2 que le reste du temps: EDF est alors obligé de mettre en route des centrales à charbon et au gaz pour satisfaire le bond de la consommation engendrée par le déclenchement des chauffages électriques.
Le rapport de Michel Rocard propose d'étudier la mise en place de tarifs d'électricité différenciés selon les périodes "creuses, pleines et de pointe".
M. Rocard prône à titre personnel une taxation de l'électricité pour éviter de favoriser le chauffage électrique par rapport au chauffage au gaz.
Sinon, le risque est de voir les pics de consommation d'électricité augmenter encore, et de devoir recourir à des centrales polluantes pour y répondre.
Reste le prix d'une telle taxe: il en coûterait 20 euros par an pour un ménage moyen, selon le cabinet Sia Conseil (soit une hausse de 5 à 6%).