La police a évacué les "indignés" de Francfort qui campaient depuis sept mois devant la Banque centrale européenne (BCE), alors qu'un collectif d'associations anti-capitalistes a appelé à manifester jusqu'à samedi dans la capitale financière allemande.
Vers 9H30 GMT la police avait quasiment évacué la petite centaine d'irréductibles, des jeunes gens pour la plupart, qui s'étaient assis par terre en rangs serrés au milieu du camp de tentes pour offrir une résistance passive.
"Nous sommes pacifiques, et vous?", ont-ils scandé pendant plusieurs heures au rythme des djembés pendant que la police resserrait progressivement son étau et évacuait les manifestants un par un, s'y mettant parfois à quatre pour emmener les plus récalcitrants.
Certains manifestants qui barbotaient dans de petites piscines en plastique remplies de peinture en ont aspergé les forces de l'ordre, qui en retour ont procédé à une dizaine d'interpellations.
L'évacuation du camp "Occupy Frankfurt", l'un des derniers dans le monde de ce mouvement international de révolte contre la finance, est censée être provisoire et ne durer que le temps des manifestations annoncées par le collectif "Blockupy Frankfurt", de mercredi à samedi.
Mais ses résidents craignent qu'elle ne signe l'arrêt de mort du camp. "Je ne pense pas qu'on pourra revenir", a déclaré Jan Umsonst, 30 ans, coiffé à la mode rasta.
"Non ce n'est pas la fin!", assure au contraire Wolfram Siemer, l'un des fondateurs du camp, à peine âgé de plus de 20 ans. "Nous allons essayer de revenir, la bataille juridique n'est pas finie."
Le camp est autorisé jusque fin mai, et les "indignés" comptaient bien obtenir une prolongation, comme régulièrement depuis octobre.
"Occupy Frankfurt" a tenté jusqu'au bout d'obtenir la levée de l'ordre d'évacuation en portant l'affaire devant les tribunaux, sans succès.
Plusieurs rassemblements de "Blockupy" ont aussi été interdits jeudi et vendredi par la justice, inquiète de risques de "troubles à l'ordre public" après des débordements lors d'une manifestation précédente à Francfort fin mars, qui avait été organisée par un autre collectif.
La police attend jusqu'à 40.000 personnes à partir de jeudi pour des manifestations qui doivent culminer samedi. De premiers rassemblements doivent déjà avoir lieu mercredi devant la BCE, puis le soir sur la Hauptwache, une place du centre-ville.
En réaction, la banque allemande Commerzbank a annoncé qu'elle fermerait son siège à Francfort, l'une des plus hautes tours d'Europe, de jeudi à dimanche.
Jeudi étant de toute façon férié en Allemagne en raison de la fête de l'Ascension, la décision n'aura pas d'effet visible avant vendredi.
"Les salariés qui travaillaient pendant le pont pourront travailler dans d'autres locaux", a déclaré un porte-parole, sans pouvoir préciser le nombre de personnes concernées.
La première banque allemande Deutsche Bank a refusé de s'exprimer sur le sujet, mais un périmètre de sécurité a été établi, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des salariés de banques ou de sociétés financières cités sous couvert d'anonymat par le quotidien Die Welt ont par ailleurs déclaré avoir reçu pour consigne d'abandonner costume et cravate au profit de vêtements moins formels, afin de passer inaperçus.
La régie des transports de Francfort a annoncé de son côté la fermeture de deux stations de métro du centre pendant quatre jours, celle située près de la BCE et celle située devant Deutsche Bank.