Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a indiqué lundi qu'il souhaitait "une meilleure organisation de la filière" laitière, lors d'un déplacement à Lanouée (Morbihan) où il a rencontré des éleveurs en colère contre la chute des prix du lait.
"Il n'y a pas une semaine à perdre. Au 1er octobre, je regarderai où on en est de la contractualisation", a-t-il martelé lors d'une première réunion regroupant notamment élus locaux, syndicalistes agricoles, et représentants de l'association des producteurs apporteurs de lait à Entremont Alliance, le groupe fromager en difficulté.
Le ministre a dit vouloir accélérer la conclusion de contrats "justes et équilibrés" entre producteurs et transformateurs "sur une base collective et non individuelle", pour que les éleveurs "sachent où ils mettent les pieds quand ils livrent leur lait".
"Vous pourrez vous lever le matin en sachant combien vous toucherez jusqu'au 31 décembre", a-t-il ajouté.
Dans une autre réunion, devant quelque 300 producteurs laitiers bretons livrant pour la plupart à Entremont Alliance, M. Le Maire, micro en main et debout devant les premiers rangs, a prôné l'apaisement.
"J'ai conscience que votre situation est très difficilement tenable. Vous travaillez sept jours sur sept (...), vos revenus s'écroulent en-dessous du Smic, mais les traites, elles, tombent tous les mois", a-t-il reconnu. "Mais je vais veiller à ce que les choses aillent vite".
"Même s'il n'est pas formidable", le prix garanti par Entremont Alliance pour juillet et août "nous donne quelques semaines pour trouver une solution industrielle intelligente pour le groupe" qui collecte chez 4.500 éleveurs en Bretagne, a-t-il estimé.
Debout au fond de la salle, un éleveur des Côtes d'Armor s'est emporté: ce prix de 245 euros les 1.000 litres, "c'est pas un compromis, c'est une catastrophe! Perdre encore 80 euros par mois (par rapport à un revenu permettant à l'exploitation de fonctionner sans perte, NDLR) en juillet et en août, je ne peux plus l'accepter!". Ses collègues ont applaudi.
Le ministre a plaidé aussi pour une "régulation du marché du lait au niveau européen", comme cela s'est fait récemment dans le domaine financier. "Peu d'Etats souhaitent la régulation comme la France, mais c'est indispensable pour avoir un minimum de garanties nécessaires face aux aléas du marché", dit-il.
"Le ministre n'a pas tort dans ce qu'il dit. Mais aujourd'hui, sur notre exploitation, on ne dégage pas de salaire!", a déploré Chantal Bévillon, une productrice installée près de Guingamp (Côtes d'Armor), interrogée par l'AFP.
A des producteurs réclamant des exonérations de charges pour les mois à venir, le ministre a répondu qu'il allait "examiner les mesures proposées aujourd'hui. S'il faut, l'Etat aidera à passer cette période difficile".
Dans la salle, un producteur a coupé le ministre: "Faut pas attendre que les gens soient morts pour les ranimer!".
"Je vois bien que les producteurs n'en peuvent plus (...) mais à nous de rétablir la confiance et à veiller à ce que les choses aillent vite", a conclu le ministre devant la presse.