Le patron de l'équipementier automobile allemand Continental jouait jeudi son va-tout pour trouver un remède à son surendettement chronique sur fond de vives tensions avec son principal actionnaire Schaeffler.
La réunion du conseil de surveillance, prévue au siège de Hanovre (nord de l'Allemagne) à partir de 12H00 GMT, a commencé avec trois heures de retard, selon une porte-parole interrogée par l'AFP. A 18H30 GMT, elle durait toujours.
Le groupe familial Schaeffler, avec à sa tête la veuve Maria-Elisabeth, a demandé le départ du patron de "Conti" Karl-Thomas Neumann, selon une source officieuse. Information non confirmée par Continental, ni par le syndicat IG BCE, interrogé par l'AFP.
"M. Neumann a fait une longue présentation au début de la réunion en tant que président du directoire", a précisé la porte-parole de Continental. Selon le quotidien Die Welt de vendredi, Schaeffler a dans un premier temps échoué à se débarrasser du patron et se heurte notamment à l'opposition des syndicats, selon le Süddeutsche Zeitung.
Lors de la réunion, M. Neumann devait notamment proposer une augmentation de capital d'au moins 1 milliard d'euros.
Les deux équipementiers se déchirent depuis des mois, après l'acquisition l'an passé de 90% de Continental par Schaeffler, pourtant trois fois plus petit. Depuis, en vertu d'un accord signé par les deux parties, Schaeffler a conservé 49% du capital et parqué le reste auprès des banques.
Mais, en pleine crise, le groupe familial s'est révélé incapable de mener le rapprochement avec sa proie. Schaeffler a acheté son compatriote près de trois fois plus cher que le cours actuel de l'action et s'est endetté à hauteur de 11 milliards d'euros.
Résultat, en avril, le patron de Continental, qui doit lui aussi lutter contre un endettement de 11 milliards d'euros, s'était impatienté et avait demandé un plan dans les 100 jours.
Selon des sources officieuses, M. Neumann veut désormais que les deux groupes fonctionnent indépendamment et que "Conti" renforce sa structure financière.
Ce serait aussi le point de vue de quatre grandes banques créancières de "Conti", rédactrices d'une lettre en ce sens à son patron, selon la presse.
Schaeffler, lui, continue de défendre "l'union des deux entreprises", selon un porte-parole. Selon la presse, le spécialiste des roulements à bille cherche en fait à gagner du temps, pour se remettre de la crise et renforcer sa position face à "Conti".
Mais ce dernier voit ses échéances de remboursement de crédits se rapprocher, avec une première tranche de 800 millions d'euros à payer en août et une seconde de 3,5 milliards en août 2010.
Dans ce cadre, "notre but est aussi d'améliorer nettement la structure du capital", a expliqué jeudi M. Neumann, à l'occasion de la publication du bilan du deuxième trimestre.
Bilan qu'il peut tenter d'utiliser en sa faveur: au premier semestre, le groupe affiche une lourde perte de 457 millions d'euros mais du point de vue opérationnel, il a vu ses résultats revenir dans le vert au deuxième trimestre.
L'équipementier estime ainsi avoir atteint "un point d'étape important", selon son patron. Le groupe a surtout profité de la vaste restructuration engagée pour réduire les coûts, "la plus importante de l'histoire de l'entreprise".
Continental avait annoncé en mars la fermeture de l'usine française de Clairoix (nord de Paris), provoquant une lutte de quatre mois des 1.120 salariés qui ont obtenu une prime supplémentaire de 50.000 euros.