Les paquets de cigarettes se vendront en moyenne 30 centimes de plus à partir de lundi, soit 5,90 euros pour le paquet le plus vendu, une hausse d'environ 6% demandée par les fabricants et jugée insuffisante par les associations de lutte contre le tabagisme.
L'arrêté ministériel fixant cette augmentation, qui intervient un an presque jour pour jour après la précédente hausse, est paru samedi au Journal Officiel.
Le 9 novembre 2009, les prix du tabac avait été relevés d'environ 6%, hausse déjà critiquée par les anti-tabacs comme étant trop faible pour être efficace en termes de santé publique.
Cette hausse n'a d'ailleurs pas modifié sensiblement les ventes des buralistes qui n'ont baissé que de 0,2% sur les huit premiers mois de 2010 par rapport à 2009.
Les données du baromètre santé 2010 montrent que la consommation de tabac a augmenté de près de 2% entre 2005 et 2010.
Les associations de lutte contre le tabagisme s'accordent à dire qu'une hausse inférieure à 10% n'a pas d'effet sur la consommation, et donc sur la santé publique, alors que le tabac est encore la cause de 60.000 morts par an en France.
Sur son site internet, Droit des non-fumeurs (DNF) demande même au gouvernement et au président de la République de préférer "une augmentation de 60 centimes tous les deux ans", plutôt que des "petites augmentations de 30 centimes par paquet de cigarettes chaque année".
L'Office français de prévention du tabagisme (OFT) est encore plus violente: "cette augmentation demandée par l'industrie du tabac est calculée au centime près pour ne pas faire baisser la consommation".
Cette hausse des prix - sans baisse des ventes - se traduit aussi pour l'Etat par 660 millions d'euros de recettes fiscales supplémentaires par an.
Ainsi, selon Bercy, les recettes de l'Etat au titre du droit de consommation du tabac (hors TVA) devraient pour la première fois en 2010 dépasser les 10 milliards d'euros. Ces sommes sont toutes allouées au budget de la sécurité sociale, réparties entre différentes caisses.
Pour le ministre du Budget, François Baroin, chargé d'homologuer les changements de prix souhaités par les fabricants, cette augmentation est "modérée et raisonnable", et donc cohérente avec le plan Cancer 2 de Nicolas Sarkozy.
Les députés ont récemment repoussé un amendement d'Yves Bur proposant de surtaxer les profits des fabricants.
Mais pour les buralistes, cette hausse risque de "relancer les achats de cigarettes en dehors du réseau officiel". C'est-à-dire de l'autre côté des frontières (Espagne, Belgique, Allemagne) où les cigarettes sont 20 à 30% moins chères, à la sauvette ou sur internet.
Selon Pascal Montredon, le patron des buralistes, "18 à 20%" des cigarettes fumées en France n'ont pas été achetées dans un des 28.000 débits de tabac. Il demande une étude officielle sur le phénomène. De leurs côtés, différentes enquêtes de fabricants évaluent entre 12 et 22% les achats hors du réseau officiel.
Ces fabricants ont été récemment montrés du doigt pour ne pas respecter la réglementation sur la publicité dans les bureaux de tabac. Une étude du Comité national contre le tabagisme, financée par le ministère de la Santé, note que ces publicités "sont particulièrement efficaces pour attirer les plus jeunes, donner une image +cool+ de la consommation de cigarette" et "sont aussi conçues pour faire oublier la nature dangereuse du tabac".
Prochaine étape, les photos choc seront obligatoires au dos de tous les paquets courant avril. Et le gouvernement continue de réfléchir à un paquet générique, sans logo ni couleur.