Les permis de construire de logements neufs ont fortement baissé au premier semestre, illustrant la gravité de la crise du secteur de la construction qui pâtit aussi des difficultés des propriétaires de logements anciens pour vendre leur bien et en acheter un neuf.
La chute a été particulièrement notable au cours du deuxième trimestre, avec un recul de 32,3% entre avril et juin 2009, comparé à la même période un an plus tôt, selon les chiffres communiqués mardi par le ministère de l'Ecologie.
Sur le seul mois de juin, le nombre de permis de construire est même tombé à 26.319, soit une baisse de 40,4% par rapport à juin 2008.
"Ces résultats confirment une baisse tendancielle. Le nombre de permis de construire reste cependant supérieur au début des années 2000", a déclaré à l'AFP le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu.
Celui-ci va se rendre à partir de septembre dans les régions pour réunir les acteurs du secteur de la construction afin "que les outils mis en place pour relancer la construction produisent pleinement leurs effets".
Sur l'ensemble du premier semestre, le nombre de permis de construire s'est élevé à 168.930, soit une baisse de 28,5% par rapport à la même période de 2008, souligne pour sa part Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université de Paris X-Nanterre.
Le marché du logement ancien est également grippé. 23.000 logements anciens ont été vendus en Ile-de-France entre mars et mai 2009, soit une baisse de 32% par rapport à la même période de 2008, selon une étude publiée lundi par la Chambre des notaires de Paris et de l'Ile-France. Ce qui pénalise les propriétaires qui voudraient vendre pour investir dans le neuf.
La baisse des prix sur un an dans cette région était toutefois de seulement 7,9% à fin mai 2009, de nombreux propriétaires préférant garder leurs biens plutôt que de les brader.
L'effet de la chute des ventes sur les prix en France devrait rester "modeste", juge ainsi Mathilde Lemoine, directeur des études économiques de HSBC France.
L'ensemble de ces données confirme que le nombre de mises en chantier devrait tomber à 310.000 en 2009, estime M. Mouillart, contre 368.609 en 2008 et 437.086 en 2007, chiffre record depuis la fin des années 1970.
"Cela nous ramène une dizaine d'années en arrière. La crise est très dure. Beaucoup ont cru trop tôt à la reprise", affirme M. Mouillart pour qui "la montée du chômage est en train de paralyser les accédants à la propriété".
Marc Pigeon, le nouveau président de la Fédération des promoteurs constructeurs (FPC), veut au contraire voir un espoir dans la forte augmentation des ventes des promoteurs de logements neufs dans de nombreuses agglomérations au premier semestre par rapport à la même période de 2008.
"Les ventes, dont 60% sont destinées aux investisseurs bénéficiant d'avantages fiscaux, sont en progression de 42% à Nantes et Grenoble, 62% à Lyon et même 78% à Montpellier", a indiqué M. Pigeon à l'AFP.
Pour lui, le doublement du prêt à taux zéro et les avantages fiscaux liés aux investissements locatifs (dispositif Scellier) "vont se traduire dans plusieurs mois par des permis de construire et des démarrages de travaux".
Mais ces mesures et celles du Grenelle de l'environnement pour favoriser les économies d'énergie dans le bâtiment n'empêcheront pas le secteur de la construction de perdre 47.000 emplois en 2009 après en avoir créé 350.000 en 11 ans, selon les prévisions publiées mi-juin par le ministère de l'Ecologie.