Après une très bonne année 2011, les ventes mondiales des constructeurs de véhicules utilitaires devraient reculer en 2012, voire au-delà, conséquence directe d'une croissance économique faible en Europe et du ralentissement observé sur d'autres marchés importants.
A la veille de l'ouverture au public du salon international des véhicules commerciaux IAA à Hanovre en Allemagne, où seront exposés voitures de livraison, fourgons, bus et poids lourds de dernière génération, l'euphorie n'est pas au rendez-vous.
Le secteur fait preuve d'un "optimisme contenu", a commenté Andreas Renschler, chef de la division camions de l'allemand Daimler, numéro un mondial.
La branche des véhicules commerciaux, beaucoup plus sensible que celui des véhicules particuliers aux frémissements de la conjoncture, fait office de baromètre de la situation économique.
Or celle-ci est plutôt morose en Europe de l'Ouest, marché encore central pour bon nombre de constructeurs.
"Les investissements dans les nouveaux camions (...) sont en beaucoup d'endroits remis à plus tard, les conditions de financement sont plus difficiles", relevait l'allemand MAN (groupe Volkswagen) dans son dernier rapport financier.
Selon une étude réalisée par le Centre de recherche automobile (CAR) de l'université allemande de Duisbourg-Essen, le nombre de véhicules utilitaires vendus dans le monde en 2012 devrait afficher un recul de 3% à 12,65 millions d'unités, après une année 2011 record où le secteur avait écoulé plus de 13 millions de poids lourds, bus et utilitaires légers.
L'institut table sur une poursuite de ce repli en 2013 et n'envisage pas de nouveau record de ventes mondiales avant 2015.
Rien qu'en Europe, les ventes ont dégringolé de 10,8% sur les six premiers mois de l'année, d'après les données de l'association des constructeurs automobiles européens (ACEA).
Au mois de juin, les livraisons ont chuté de 5,8% sur le Vieux Continent, les marchés les plus marqués par ce déclin étant l'Italie (-29,8%) et l'Espagne (-28,7%), en prise avec la crise de la dette.
"Tous les constructeurs ressentent la faiblesse en Europe du Sud mais les plus touchés sont (l'italien) Iveco et Renault Trucks (groupe suédois Volvo, ndlr), qui ont traditionnellement dans cette zone des parts de marché élevées", souligne Roman Mathyssek, expert poids lourds du cabinet IHS Automotive, interrogé par l'AFP.
L'Europe de l'Ouest, où le cabinet de conseil AlixPartners s'attend à une chute des ventes de 15 à 20% cette année, n'est pas le seul marché en recul.
Le Brésil mais aussi la Chine, premier acheteur de camions au monde, marquent également le pas. Selon AlixPartners, les ventes vont y reculer respectivement de 20% et de 12% en 2012.
Cependant, certains constructeurs, bien implantés sur les marchés en croissance que sont les Etats-Unis, le Japon et la Russie, parviennent à tirer leur épingle du jeu.
C'est le cas de Daimler Trucks, qui a écoulé dans le monde 20% de véhicules supplémentaires sur les huit premiers mois de l'année.
"Les faiblesses des ventes régionales mettent en évidence combien il est important pour les fabricants de camions d'avoir une présence internationale", estime Gorazd Vrbica, d'AlixPartners.
MAN, principalement actif en Europe et en Amérique latine, souffre davantage. Entre janvier et août, le constructeur bavarois a vendu entre 90.000 et 100.000 camions et bus, ce qui représente un léger recul par rapport à la même période de 2011.
Après des résultats en forte baisse au premier semestre, il avait annoncé une baisse de sa production et un gel des embauches.
Le secteur, habitué aux cycles, renouera cependant avec la croissance à moyen terme, selon les spécialistes.
L'agence d'évaluation financière Fitch juge par ailleurs que les constructeurs de poids lourds sont beaucoup mieux préparés financièrement à un ralentissement du marché qu'en 2009, quand les ventes avaient dramatiquement chuté.