Les touristes retrouvent le chemin de la Grèce

Publié le 28/07/2013 11:30

Les touristes étrangers retrouvent le chemin des îles grecques et des ruines antiques, après une saison 2012 morose et malgré le fossé qui se creuse entre destinations star et adresses désertées par la clientèle grecque.

Chaque semaine apporte son lot de statistiques optimistes pour l'industrie touristique du pays englué dans sa sixième année de récession consécutive.

Début juillet, c'est l'Union des entreprises touristiques grecques (SETE) qui dévoilait une hausse de 10% des arrivées de l'étranger dans les aéroports du pays sur les six mois premiers mois de l'année 2013. Rien que pour juin, les arrivées ont augmenté de 14,6% sur un an.

Quelques jours plus tard, la Banque de Grèce est allée dans le même sens en annonçant pour le mois de mai une hausse annuelle de 38,5% des revenus de l'industrie touristique passés de 760 millions en 2012 à un milliard, avec une hausse 24% de visiteurs étrangers pour le même mois. Sur la période janvier-mai 2013, la hausse des recettes touristiques dépasse les 15%, selon la Banque de Grèce.

Un climat social politique plus stable, des prix en baisse du fait de la crise et un report vers la Grèce des voyages annulés en Egypte ou en Turquie sont les clefs du succès grec de 2013, a indiqué à l'AFP Andréas Andréadis, président du SETE.

"L'hiver 2012 et les manifestations qu'a connu le pays (contre une nouvelle série de mesures d'austérité exigées par les bailleurs de fond du pays, ndlr) avaient fait chuter les réservations pour l'été et l'incertitude née de la double élection législative de mai-juin n'avait pas arrangé les choses", observe M. Andreadis.

Si les mois cruciaux de juillet et août confirment l'amélioration, l'industrie touristique grecque entend franchir le barre des 17 millions de visiteurs en 2013, contre moins de 16 millions l'an dernier, et vise une hausse des recettes de 10% à 11 milliards d'euros.

Mais l'Etat grec court toujours après une partie de ces recettes: sur un millier d'hôtels, restaurants, plages des lieux les plus touristiques inspectées entre le 15 juin et le 15 juillet par la brigade criminelle financière, la moitié étaient en infraction fiscale. Sur les îles ultra courues de Rhodes et Santorin, les trois quarts des établissements contrôlés ont été sanctionnés.

L'enjeu est d'autant plus important que le tourisme pèse pour 17% d'un PIB grec en piteux état et emploie un salarié sur cinq dans un pays où le taux de chômage frôle les 27%. Allemands, Anglais, Russes et Français forment les plus gros contingent de visiteurs étrangers. Santorin voit depuis peu augmenter les réservations de Chinois, Japonais et Coréens, explique Panagiotis Bletsis, directeur de l'office de tourisme.

L'île aux panoramas spectaculaires a affiché la plus forte hausse du nombre d'arrivées dans les aéroports grecs en juin: +27,5%. Une réussite qui révèle aussi la forte inégalité territoriale de cette "success story" estivale.

"Les destinations qui profitent le plus de la hausse sont les plus connues, comme Mykonos, Rhodes, les Cyclades", admet Andreas Andreadis. Et ce ne sont pas forcément celles où les prix ont baissé, malgré un salaire minimum grec tombé à 580 euros contre environ 700 il y a deux ans. D'autres régions, essentiellement fréquentées par la clientèle grecque, peinent en revanche à tirer leur épingle du jeu, poursuit M. Andreadis. "Les petits hôtels, les chambres chez l'habitant qui ne font pas de publicité sont en difficulté".

A Xylocastro, station balnéaire du Péloponèse à deux heures d'Athènes, Margarita Theodossiou, n'a jamais vu un début de saison si difficile. Propriétaire d'un petit hôtel, Villa Margarita, elle affirme en tirer à peine de quoi couvrir les frais fixes. "Il ne nous reste que la fatigue...", témoigne-t-elle. Dans un sondage réalisé par l'institut INKA, 73% des Grecs affirmaient ne pas projeter de vacances cet été, contre 69% l'an dernier.

Et pour couronner le tout, le gouvernement a décidé de doubler le prix de l'amende pour camping sauvage, une pratique prisée des Grecs, ont dénoncé le petit parti des Ecologistes, non représenté au parlement, dans un communiqué, s'indignant qu'on ne les laisse même plus "dormir sous les étoiles".

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