Les "mesures contingentes" invoquées par certains pays pour protéger leur secteur industriel contre la crise peuvent être légales mais n'en sont pas moins nocives, a averti mercredi l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
"Les Etats membres ont le droit incontesté de recourir à des mesures de prévoyance qui sont compatibles avec les règles de l'OMC", reconnaît l'organisation dans son rapport annuel sur le commerce mondial publié mercredi.
"En temps normal, ces mesures seraient généralement considérées comme exceptionnelles et elles seraient rarement utilisées. Mais, en période de crise mondiale, leur prolifération parmi les partenaires commerciaux aurait des effets économiques défavorables et pratiquement aucun des effets compensateurs invoqués pour justifier ces mesures", fait valoir l'OMC.
"Le protectionnisme peut assurément aggraver et prolonger la crise", martèle encore l'organisation.
Les règles de l'OMC autorisent, dans certaines circonstances, des "mesures contingentes" comme par exemple des restrictions sur des importations pour éviter une crise de la balance des paiements; des hausses de taxes sur certains produits d'importation pour protéger le démarrage d'une nouvelle industrie; ou encore des mesures pour protéger la production locale contre des importations à des prix exagérèment bas.
Confrontés à la crise économique, de plus en plus de pays ont eu recours à des méthodes "légales" pour protéger leur marché, déplore l'OMC.
Dans un précédent rapport, l'organisation avait relevé qu'en 2008, le nombre d'enquêtes anti-dumping ont augmenté de 28% par rapport à l'année antérieure. Ces enquêtes ne sont pas illégales mais peuvent entraver les échanges commerciaux, selon l'OMC.
Selon les dernières prévisions de l'OMC, le commerce mondial devrait subir cette année une contraction de 10% en volume sous l'effet de la récession, contre des prévisions antérieures d'un recul de 9%.
Les pays développés devraient voir leurs échanges commerciaux baisser de 14% en volume (contre 10% selon les prévisions antérieures), tandis que le recul pour les pays en voie de développement devrait s'établir à 7% (au lieu des 2 à 3% prévus auparavant).