La Commission européenne a annoncé vendredi son intention de donner son feu vert conditionnel au rachat de la compagnie aérienne autrichienne en difficulté Austrian Airlines (AUA) par Lufthansa, après de nouvelles propositions faites par la compagnie allemande.
"Après des discussions plus tôt aujourd'hui (...), Lufthansa a fait de nouvelles propositions de remèdes améliorées pour répondre aux inquiétudes en matière de concurrence dans cette opération", ont indiqué les services européens de la Concurrence dans un communiqué publié après la fermeture des Bourses européennes.
"A la suite de cela, la commissaire (européenne à la Concurrence Neelie) Kroes a demandé à ses services de préparer une décision de feu vert conditionnel", ont-ils ajouté.
Ce projet de décision sera ensuite soumis aux Etats membres de l'UE et "une proposition finale sera présentée pour adoption au collège des commissaires dès que possible", est-il précisé.
La proposition sera soumise "par procédure écrite dans les semaines qui viennent" et devrait pouvoir aboutir à une décision "avant la fin du mois d'août", a précisé à l'AFP le porte-parole de Mme Kroes.
La Commission européenne doit également donner son accord à l'octroi d'une aide publique de 500 millions d'euros, représentant un tiers des dettes de la compagnie autrichienne.
Les déclarations de Mme Kroes ont été saluées avec soulagement par le gouvernement autrichien, inquiet du risque de voir disparaître la compagnie nationale, très endettée et affichant de lourdes pertes.
"Un chapitre douloureux de l'histoire industrielle de l'Autriche va ainsi être clos" et, avec AUA sous l'aile de la Lufthansa, aussi bien la compagnie aérienne autrichienne que l'aéroport de Vienne sont "sauvés", tandis que "des milliers d'emplois sont préservés sur le long terme", a déclaré le ministre des Finances Josef Pröll.
En cas d'échec des négociations avec Lufthansa, le gouvernement autrichien, qui a déjà accepté de reprendre à son compte 500 millions d'euros de pertes d'AUA, devrait s'engager financièrement encore plus fortement pour éponger les dettes de la compagnie aérienne.
Le patron de Lufthansa, l'Autrichien Wolfgang Mayrhuber, a également salué les déclarations de Mme Kroes et a demandé que l'autorisation soit donnée "rapidement".
Pour obtenir le feu vert de Bruxelles, Lufthansa offre gratuitement à la concurrence 19 créneaux horaires sur cinq liaisons au départ de Vienne, avait révélé mercredi à l'AFP une source proche du dossier.
La grande différence par rapport à l'offre initiale, rejetée par la Commission comme "insuffisante", est la cession de quatre créneaux de décollage à destination de Munich.
En revanche, Lufthansa ne propose plus de créneaux à destination de Genève et de Zurich, en Suisse.
La proposition laisse à la concurrence cinq créneaux horaires par jour au départ de Vienne à destination de Francfort, quatre à destination de Munich et de Bruxelles, trois à destination de Stuttgart et de Cologne.
Les offres sur Francfort, Stuttgart, Cologne et Bruxelles étaient dans la proposition initiale, avec en plus deux créneaux horaires à destination de Genève et quatre à destination de Zurich.
Les discussions de vendredi n'ont "pas modifié" ces nouvelles offres, mais "permis d'apporter des clarifications", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
La Commission européenne avait ouvert début juillet une enquête approfondie sur le projet de rachat, disant craindre "des hausses de tarifs pour les passagers ou une réduction des prestations sur certaines routes".