Le président russe Dmitri Medvedev a répondu dimanche aux critiques occidentaux du procès de l'ex-magnat du pétrole Mikhaïl Khodorkovski en le comparant avec l'affaire Madoff et laissant entendre qu'il ne serait pas gracié s'il ne reconnaissait pas sa culpabilité.
"Il n'y a rien à discuter à ce jour", a tranché le chef de l'Etat interrogé par des journalistes italiens sur le sort du prisonnier le plus célèbre de Russie à la veille d'une visite en Russie du président américain Barack Obama et d'un sommet du G8.
"Concernant une grâce pour Khodorkovski ou toute autre personne, cette procédure doit être menée telle que définie par les lois de notre pays", a déclaré M. Medvedev dans un entretien à des médias italiens publié dimanche par le service de presse du Kremlin.
"En d'autres termes, la personne en question doit s'adresser au président, reconnaître sa culpabilité et faire une demande pour qu'une telle décision soit prise en compte", a-t-il poursuivi.
L'ex-chef du groupe pétrolier russe Ioukos, déjà condamné en 2005 à huit ans de prison pour escroquerie à grande échelle et évasion fiscale, comparaît de nouveau depuis le 3 mars devant un tribunal à Moscou pour détournement et revente illégale de pétrole.
Il plaide non-coupable qualifiant ce procès dans lequel il encourt plus de 20 ans de prison de farce judicaire et politique.
Ses partisans considèrent que ce procès est motivé par des considérations politiques, visant à éloigner indéfiniment Mikhaïl Khodorkovski, âgé de 46 ans et féroce opposant au Premier ministre Vladimir Poutine, de la scène politique russe.
Les avocats et la famille de M. Khodorkovski présentent le nouveau procès comme un test pour Dmitri Medvedev considéré comme plus libéral que son prédécesseur et défenseur de l'indépendance de justice.
Le président russe met de son côté en parallèle le procès Khodorkovski avec l'affaire du financier américain Bernard Madoff, auteur de l'une des plus gigantesques escroqueries de tous les temps condamné le 29 juin à 150 ans de prison par un tribunal de New York.
"Regardez les affaires judiciaires dans d'autres pays. C'est très sérieux. Certains hommes d'affaires sont condamnés à des peines très lourdes, 150 ans aux Etats-Unis", a-t-il déclaré dans l'interview.
"Et disons que cela ne dérange personne", s'est-il emporté.
"Dans le monde entier le business peut avoir des ennuis (...) et être puni pénalement. Il ne faut pas sortir du contexte telle ou telle affaire", a-t-il poursuivi.
Il a également démenti le caractère politique de l'affaire Khodorkovski.
"Khodorkovski et d'autres hommes d'affaires dans notre pays ont été condamnés par décision de justice. Il ne s'agit pas d'un geste politique, mais de la décision d'un tribunal et elle doit être respectée", a-t-il lancé.
Des défenseurs des droits de l'Hommes et d'autres personnalités ayant assisté à des audiences du nouveau procès de Mikhaïl Khodorkovski se sont dits jeudi scandalisés par son iniquité, exigeant son "arrêt immédiat".
"Les nouvelles accusations contre Khodorkovski sont des chefs-d'oeuvre d'absurdité juridique, un rappel de la manière stalinienne d'intimider la société", ont-il noté dans un texte commun signé notamment par l'écrivain Boris Akounine, le prix Nobel de physique Vitali Guinzbourg, l'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov ou le dissident soviétique Sergueï Kovalev.