L'avion CS100 de Bombardier a effectué lundi son premier vol sous un soleil généreux pour le plus grand plaisir des centaines de salariés et d'invités du groupe canadien, qui affronte un marché dominé par les géants Airbus et Boeing.
L'avion a décollé un peu avant 10H00 (14H00 GMT) de la piste de l'aéroport de Mirabel, au nord-ouest de Montréal, puis est revenu deux heures et demie plus tard pour effectuer un passage en basse altitude au-dessus de la piste, avant de se poser.
Le nom Bombardier en lettres bleu nuit sur une carlingue blanche et la marque CS100 bien en évidence sur l'empennage bleuté de l'avion, l'appareil est équipé de deux réacteurs Pratt and Whitney.
"C'est le plus gros avion conçu et assemblé au Canada, c'est vraiment historique ce qu'on vit aujourd'hui", a déclaré à l'AFP Stéphane Poitras, qui travaille depuis 13 ans chez Bombardier et qui était affecté aux essais au sol.
L'avion CSeries est le premier avion de cette catégorie depuis le premier vol de l'Airbus A320 en 1987.
"On a vraiment un produit pour concurrencer le secteur", a-t-il ajouté. "C'est un nouveau chapitre, on va avoir de nouveaux clients et de nouveaux débouchés, c'est donc une grosse étape de franchie".
"Je suis vraiment excitée de voir les résultats du premier vol, je suis fière", a déclaré Marisol Rodriguez, jeune ingénieure de 35 ans, depuis six ans chez Bombardier. Les derniers mois et le report du vol inaugural étaient "un peu stressants, (...) mais on était sûr que ça allait bien se passer."
Cet appareil de la catégorie des 100 à 125 places est un pari pour Bombardier, qui a investi 3,5 milliards de dollars dans le programme des deux avions CSeries, le CS100 et le CS300 (jusqu'à 160 passagers), dont le premier vol est prévu d'ici 6 mois.
Jusqu'ici cantonné aux avions régionaux, Bombardier va se lancer dans les avions mono-couloir et moyen courrier, un marché que se partagent l'Américain Boeing et l’Européen Airbus, même si le patron de Bombardier s'en défend.
Moins gourmands en énergie
"On ne fait pas compétition directement à Airbus et Boeing" même si pour le canadien c'est "un nouveau chapitre parce que c'est une catégorie d'avion qu'on n'a pas eue dans le passé", a déclaré Pierre Beaudoin, PDG de Bombardier.
L'avionneur canadien a longtemps hésité à franchir le pas et le développement s'est étalé sur dix ans.
A ce jour, Bombardier a enregistré 177 commandes fermes pour ses modèles équipés d'ailes en matériaux composites permettant, par rapport à l'aluminium, de réduire significativement la consommation de carburant.
Pour les compagnies aériennes, l'objectif est clairement de disposer d'appareils moins gourmands en énergie pour abaisser leurs coûts d'exploitation.
Les responsables des compagnies clientes du CS100 étaient présents lundi à Mirabel.
Nico Buchholz, vice-président de l'allemand Lufthansa, a estimé que "le CSeries était bien adapté au marché européen". Pour Robert Deluce, PDG du canadien Porter Airlines, c'est "clairement un avion silencieux".
Korean Air, Gulf Air, Air Baltic et Atlas Jet figurent parmi les autres clients de cet appareil, qui devrait entrer en service dans un peu plus d'un an.
Pour Bombardier, le risque est notable sur un marché très concurrentiel, avec les deux géants Boeing et Airbus.
Le PDG de Bombardier Pierre Beaudoin a affiché lundi son objectif, en année pleine, d'un chiffre d'affaires additionnel de "5 à 8 milliards de dollars".
"C'est une énorme croissance pour notre entreprise quand vous considérez que notre chiffre d'affaires est de l'ordre de 20 milliards de dollars", a-t-il ajouté.
Le patron de Bombardier estime que le marché des mono-couloir de 100 à 150 places est de l'ordre de 7.000 appareils pour les 20 prochaines années, et l'objectif du canadien est d'arracher 50% du marché.
Airbus et Boeing ont salué sur Twitter le vol de leur tout nouveau concurrent.
"Nous félicitons Bombardier pour le premier vol de son CSeries. De telles premières sont énormes pour tous ceux qui aiment l'aviation", a écrit Airbus, "Nous félicitons Bombardier pour la réussite de ce premier vol", a renchéri Boeing.