par Alexandre Boksenbaum-Granier
PARIS (Reuters) - EuropaCorp récolte les fruits de la stratégie présentée en 2011 reposant notamment sur le développement international de la société fondée par le cinéaste Luc Besson, a déclaré jeudi à Reuters son directeur général, suite au niveau de marge opérationnelle record enregistré sur l'exercice 2014-2015.
A fin mars, le taux de marge opérationnelle ressort à 31,5%, soit le plus élevé depuis l'introduction en Bourse de la société en 2007. Un an plus tôt, ce taux de marge s'établissait à 27,3%.
"C'est la résultante de la stratégie que l'on a mis en place, l'internationalisation très importante de la société", a expliqué à Reuters Christophe Lambert précisant que désormais EuropaCorp réalisait majoritairement des films et des séries TV en langue anglaise.
"Ce sont les films et les séries par définition les plus rentables parce que ce sont eux qui rencontrent le plus grand nombre de spectateurs dans le monde et qui sont capables de réaliser des performances en matière de box office inégalables, qu'aucun film en français ne peut faire", a-t-il ajouté.
Le film "Lucy", avec Scarlett Johansson et Morgan Freeman, illustre la réussite de la stratégie de la société, puisqu'il est devenu en 2014 la production française la plus vue dans le monde depuis plus de 20 ans avec près de 54 millions de spectateurs, selon des données d'uniFrance films, organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde.
UNE ANNÉE SYMBOLIQUE
"Cette année est assez symbolique (...) parce qu'elle est l'année où nous commençons vraiment à voir sur nos résultats l'impact de la stratégie qui a été mise en place. C'est d'autant plus notable que nous avons eu cette année de très forts investissements", a souligné Christophe Lambert sans préciser le montant des investissements réalisés par l'entreprise.
En début d'année dernière EuropaCorp a annoncé la création de RED (Relativity Europacorp Distribution), une entreprise de distribution aux Etats-Unis co-détenue avec la société de production américaine Relativity Media.
Le groupe a également augmenté ses capacités de développement pour le cinéma et la télévision aux Etats-Unis.
"On a réalisé l'ensemble des points qui faisaient partie du plan stratégique. Aujourd'hui, on a transformé de façon assez notable le modèle économique de l'entreprise. On rentre maintenant dans une phase où l'on exécute, où on déploie", a commenté Christophe Lambert.
"Aujourd'hui, (...) on doit avoir sept films en préparation et en production en langue anglaise, ce qui n'est jamais arrivé dans l'histoire de la société (...) Ce sont les chiffres d'affaires de demain", a indiqué le dirigeant.
Ce dernier n'a toutefois donné aucun objectif financier chiffré.
L'exercice en cours sera cependant marqué par la sortie de plusieurs films, comme "Le Transporteur – Héritage" ou encore "Shut In" avec Naomi Watts.
PAS D'ACQUISITION EN VUE
S'agissant des capacités financières de l'entreprise, cette dernière a signé en 2014 une ligne de crédit d'un montant de 400 millions de dollars (357 millions d'euros), assortie d'une clause accordéon de 150 millions de dollars et une ligne de crédit secondaire de 50 millions de dollars, soit un montant total de 600 millions de dollars.
Interrogé sur l'utilisation de ces fonds, le dirigeant a indiqué à Reuters qu'ils seraient consacrés à la réalisation de films et de séries et non à l'acquisition d'autres sociétés.
Par ailleurs, Christophe Lambert n'a fait aucun commentaire sur les rumeurs ayant fait état au début du mois de négociations en vue d'un partenariat capitalistique et d'un possible retrait de la cote d'EuropaCorp.
Quant aux informations de presse évoquant les difficultés financières de son partenaire Relativity, le dirigeant a assuré qu'un éventuel défaut de la société américaine n'aurait aucun impact sur EuropaCorp.
(Alexandre Boksenbaum-Granier)