Tous les yeux seront tournés vers la Réserve fédérale américaine la semaine prochaine à la Bourse de Paris, la plupart des investisseurs anticipant un resserrement modéré de sa politique monétaire qu'il s'agira ensuite de digérer.
Sur la semaine écoulée, l'indice CAC 40 a gagné 1,61% pour terminer vendredi à 4.114,5 points. Ses gains depuis le 1er janvier s'établissent à 13%.
"La semaine prochaine tout le monde attend la FED et d'ici là, il y aura sans doute un peu de volatilité sur les marchés", a souligné Jean-Louis Mourier, un économiste de Aurel BGC.
"La grande majorité des intervenants sont sûrs que la banque centrale américaine va annoncer qu'elle va réduire son rythme mensuel de rachat d'actifs", à l'issue de la réunion de son Comité de politique monétaire (FOMC), les 17 et 18 septembre, a-t-il ajouté.
Même constat pour Frédéric Rollin, un économiste de Pictet: "Le marché attend ce que va nous dire et ce que va faire la FED la semaine prochaine". Et "le consensus aujourd'hui table sur une annonce de réduction des achats de 10 à 15 milliards" de dollars, a-t-il précisé.
Un certain nombre d'analystes continuent pourtant à espérer que la FED attende un peu, de crainte de ternir les premiers signes de reprise de l'économie mondiale.
Car cinq ans après l'effondrement du géant bancaire Lehman Brothers, la récession historique semble surmontée tant aux Etats-Unis qu'en Europe et la Bourse de Paris a d'ailleurs largement rattrapé le terrain perdu.
L'indice CAC 40 approche de ses niveaux de septembre 2008, avant le naufrage de l'icône de Wall Street. Le 12 septembre 2008, pour sa dernière journée avant le séisme, il avait clôturé à 4.332,66 points.
"Au vu des dernières statistiques de l'emploi qui peinent à convaincre d'une baisse continue du chômage, le timing d'une réduction des achats mensuels nous semble incertain", a estimé Sophie Mametz, une économiste de Crédit Mutuel-CIC.
"Ne pas saper la reprise"
Selon CMC Markets, certains investisseurs boursiers "font le pari" que Ben Bernanke n'officialisera pas la réduction car la "banque centrale sera attentive à ne pas précipiter le sevrage des marchés", avec notamment comme "enjeu" de "ne pas saper la reprise américaine".
Le resserrement trop tôt n'est "pas forcément très bon car cela veut dire que les marchés vont bénéficier de moins de financement et que la FED risque de casser" la reprise de la croissance, a aussi jugé M. Rollin.
Mais s'il a lieu "trop tard", la FED "va être obligée de refroidir l'économie" avec le risque "de repartir dans un nouveau cycle volatil, entre les deux la FED doit donc s'ajuster", a-t-il poursuivi.
Le début de semaine devrait donc ressembler à celle écoulée marquée par l'attente et l'hésitation.
"La semaine écoulée était un peu morose faute de nouveautés importantes", a ainsi noté M. Mourier.
La place parisienne s'est approchée plusieurs fois de son record de l'année 2013, trouvant notamment un peu d'optimisme dans l'apaisement des tensions dans le dossier syrien et dans des statistiques chinoises meilleures que prévu.
La semaine prochaine, "les trois premiers jours devraient ainsi être dépourvus de direction et rester volatils tandis que jeudi et vendredi, le marché va digérer le communiqué de la FED et les déclarations de son patron Ben Bernanke", a jugé M. Mourier. Mais selon lui, "le plus gros des réactions sur les marchés actions est sans doute" déjà passé.
"Sauf grosse surprise", à savoir si la FED est "très en dehors du consensus", cela ne devrait pas" susciter un grand mouvement du marché, mais "cela empêchera les investisseurs de faire de grosses réallocations" et il y aura donc "plutôt une consolidation", a également prédit M. Rollin.
Quelques indicateurs sont également attendus, notamment aux Etats-Unis avec la production industrielle, l'inflation, les mises en chantiers de logements et les ventes de logements en août. Côté européen, l'inflation et la balance des paiements en zone euro, ainsi que le baromètre Zew de la confiance des milieux financiers en septembre sont aussi attendus.