Les rebelles nigérians du Mend multiplient depuis quelques jours les sabotages et coups de main contre l'industrie pétrolière dans le delta du Niger et ont, pour la première fois, annoncé lundi la capture d'un navire au large des côtes de cette région.
Le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (Mend) a annoncé dans un courriel la capture d'un chimiquier avec six membres d'équipage étrangers - trois Russes, deux Philippins et un Indien.
"Pour avoir ignoré nos avertissements aux bâtiments pétroliers, gaziers et chimiques les enjoignant de rester à l'écart des eaux du delta du Niger, six membres d'équipage du chimiquier Siehem Peace ont été capturés dimanche à environ 20 milles nautiques d'Escravos", affirme le Mend.
Les six hommes "resteront retenus jusqu'à nouvel ordre", ajoute le Mend qui venait quelques heures plus tôt de revendiquer deux attaques contre les groupes Shell et Chevron.
"Le collecteur stratégique d'Okan, qui dirige environ 80% du brut off-shore de Chevron Nigeria vers sa plate-forme de chargement (...) a été détruit par une explosion à environ 20H45 (19H45 GMT) dimanche", avait affirmé le groupe.
Un porte-parole de Chevron a indiqué à l'AFP qu'aucun commentaire ne serait fait dans l'attente des résultats d'une enquête.
Dimanche, le groupe armé avait revendiqué une attaque contre le puits 20 de Shell à Cawthorn Channel 1. Un porte-parole de la multinationale, Tony Okonendo, avait indiqué qu'une enquête était en cours.
Le Mend, qui avait menacé samedi de lancer de nouvelles opérations dans les 72 heures et appelé les compagnies pétrolières étrangères à quitter la région, a précisé que l'objectif attaqué était "connecté au terminal de chargement de Bonny dans l'Etat de Rivers".
"Sans montrer aucun signe d'affaiblissement, (l'opération) Hurricane Piper Alpha, qui a été renforcée en (opération) Hurricane Moses, s'est abattu sur le puits 20 de Shell", affirmait le Mend en référence aux appellations des opérations qu'il mène dans le cadre de sa "guerre du pétrole" lancée en mai dernier.
Samedi, le Mend avait également indiqué qu'il saboterait le projet de gazoduc transsaharien annoncé la veille entre le Nigeria, le Niger et l'Algérie pour un montant estimé à dix milliards de dollars.
"Tout argent investi dans ce projet sera jeté par les fenêtres, car nous ferons en sorte qu'il subisse le même sort que les autres gazoducs aujourd'hui", avait menacé le groupe armé.
Depuis l'apparition du Mend en 2006, la production de brut du Nigeria a chuté de près d'un tiers et plafonne actuellement à 1,8 million de baril/jour contre 2,6 mbj trois ans plus tôt.
Le groupe armé, qui fait face à une force conjointe armée-police (la Joint Task Force), a indiqué qu'il refusait l'offre d'amnistie faite fin juin par le président nigérian Umaru Yar'adua.
"Tant que le gouvernement nigérian et les militaires de la JTF choisiront de poursuivre leur enlèvements et destructions contre des communautés et des individus innocents (...) nous nous battrons pour leur défense", affirme le Mend.