Le principal groupe armé du sud du Nigeria, le Mend, a donné samedi "dans un avertissement final" 72 heures aux employés du secteur pétrolier pour quitter la région, en annonçant une "attaque imminente" de grande ampleur, une menace aussitôt qualifiée "de fanfaronnade" par l'armée.
"Il s'agit d'un avertissement final du Mouvement pour l'émancipation du Delta du Niger (Mend) aux employés locaux et étrangers" travaillant dans les compagnies pétrolières "pour quitter la région en raison d'une attaque imminente", écrit le Mend dans un message électronique.
La nouvelle opération du Mend, baptisée "Ouragan Piper Alpha", "ne fera pas de distinction entre les tribus, les nationalités ou la race lorsqu'elle balaiera la région", affirme le groupe armé implanté dans cette région pétrolifère en proie aux violences récurrentes.
"Cet avertissement, selon le Mend, s'adresse aussi aux exploitants du secteur pétrolier qui seraient tentés de réparer les oléoducs détruits".
Le MEND a déjà fait dans le passé des menaces de ce type qui ne se sont toutefois pas concrétisées.
L'armée, qui a récemment lancé une vaste opération pour "chasser" les rebelles armés de cette région, a aussitôt souhaité minimiser cette menace.
Ainsi, un porte-parole de la force mixte police/armée (JTF) qui combat les groupes armés dans la région, le colonel Rabe Abubakar, a qualifié cette menace de "stupide" et de "fanfaronnade".
"Nous les vaincrons s'ils essaient de faire quelque chose d'illégal", a-t-il ajouté, en appelant les populations locales à ne pas se laisser intimider et à continuer à vaquer à leurs occupations.
La JTF a annoncé vendredi avoir détruit la veille deux camps du Mend dans l'Etat de Delta, dans le delta du Niger.
Dans un autre communiqué publié samedi, la JTF, qui se déclare déterminée à combattre "tout type d'activités criminelles associées au vol de pétrole brut", a déclaré avoir localisé et détruit une raffinerie locale illégale de la communauté Oginibo dans le sud de l'Etat du Delta.
Le Mend, qui affirme se battre pour les populations misérables du delta du Niger en vue d'un meilleur partage des richesses, a multiplié les prises d'otages de ressortissants nigérians et étrangers travaillant dans le secteur pétrolier et les sabotages d'oléoducs.
Le Mend avait rejeté vendredi une offre d'amnistie réitérée la veille par le président nigérian Umaru Yar'Adua.
"Nous rejetons cette offre car, comme nous l'avons déjà dit, le gouvernement doit faire un geste en faveur de Okah pour que nous puissions le croire", a indiqué le Mend dans un courriel à l'AFP, en référence à Henry Okah, leader présumé du groupe armé, arrêté en septembre 2007.
Accusé notamment de trahison, terrorisme et trafic d'armes, il encourt la peine de mort. Le Mend a plusieurs fois demandé qu'Henry Okah, qui serait souffrant, soit soigné à l'étranger, ce que les autorités nigérianes ont refusé.
En raison de l'insécurité, la production de brut nigérian est tombée de 2,6 millions de barils/jour en 2006 à environ 1,76 mb/j en avril, selon des chiffres de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).