Une sortie de crise se dessinait lundi dans les négociations sur la liquidation de la filiale française de Nortel, avec la présentation aux salariés grévistes d'un protocole d'accord, mais ces derniers espéraient encore "jouer quelques cartes".
Les représentants des salariés grévistes de l'équipementier canadien en télécommunications et leur avocat ont examiné durant le week-end une proposition d'accord de sortie de crise, émise vendredi par les administrateurs français et anglais et le liquidateur.
Mais le collectif, soutenu par la CFTC et la CFE-CGC n'était "pas encore satisfait" du texte lundi, a confié à l'AFP un de leurs représentants, Farid Bazizi.
"Certains points restent à discuter. Il nous reste quelques cartes à jouer", a-t-il affirmé, en précisant que "deux-trois échanges" avaient déjà eu lieu avec les administrateurs ce week-end.
"On a travaillé pour amender le protocole. Plein de choses n'étaient pas en accord avec ce qu'on avait demandé", a-t-il expliqué, sans donner plus de précisions.
Lundi, une assemblée générale (AG) a démarré vers 16H00 sur le site de Châteaufort, ont précisé à l'AFP deux représentants des salariés. Cette AG vise à "présenter l'état de la situation aux salariés", selon un communiqué du collectif des grévistes. "Les négociations avancent mais ne sont pas finalisées", a-t-il souligné.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, un comité d'entreprise de Nortel Networks SA a également commencé, avec à l'ordre du jour le plan de suppression de 467 emplois, a expliqué un autre représentant.
"On espère aller plus loin dans ce protocole et on attend une discussion ouverte avec Franck Michel (l'administrateur français, ndlr). Cela fait dix jours qu'il n'est pas venu sur le site", a dit à l'AFP Farid Bazizi.
"Les discussions ne se font que par avocats interposés, c'est pour ça que la sortie de grève prend du temps", a souligné un syndicaliste CFTC.
Après les déboires du géant canadien, une majorité des salariés de Nortel Networks SA (680 salariés) de Châteaufort, sous le coup d'une liquidation judiciaire et d'un plan social visant 467 personnes, sont en grève depuis quatorze jours.
Dans le sillage des salariés de New Fabrice, ils avaient menacé mardi de "faire sauter" le site à l'aide d'une dizaine de bonbonnes de gaz. Ils les avaient finalement retiré mercredi, en expliquant qu'il s'agissait d'un "un acte symbolique fort pour dire qu'on (les) poussait à l'extrême", selon Christian Berenbach, représentant syndical CFTC.
Après le retrait des bonbonnes, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi s'était rendu sur le site de Châteaufort mercredi en saluant l'"attitude responsable des salariés de Nortel" et avait évoqué avec eux le déblocage de crédits d'impôt-recherche.
Le même jour, des représentants des salariés grévistes avait rencontré les administrateurs français et anglais qui avaient réitéré leur proposition d'un montant global de 5 millions d'euros d'indemnités supra-légales pour les salariés concernés par le plan social, soit un peu plus de 10.000 euros par personne. Ils promettaient aussi un pourcentage sur des cessions à venir.
Les "Nortel" demandent depuis le début de la grève une indemnité supra-légale de 100.000 euros par salarié licencié.
Lundi, 426 salariés de l'équipementier en télécommunications sur 680 étaient toujours en grève, selon le collectif des salariés grévistes.