Les prix du pétrole ont nettement reculé vendredi à New York, après l'annonce du départ du président égyptien Hosni Moubarak, mais ils sont restés en légère hausse à Londres, signe de la prudence des opérateurs.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars a terminé à 85,58 dollars, en recul de 1,15 dollar par rapport à la veille.
Mais, à Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 56 cents à 101,43 dollars.
Les cours ont décroché à New York "à la suite de la démission du président Moubarak", a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
"En Europe, les gens attendent de voir comment la situation va évoluer en Egypte dans les semaines à venir", a ajouté l'analyste, relevant que le Vieux Continent était plus exposé aux approvisionnements en hydrocarbures en provenance du Proche-Orient.
L'Egypte contrôle deux routes stratégiques pour l'acheminement du pétrole des pays du Golfe: le canal de Suez et l'oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed).
Le président du pays a finalement démissionné vendredi, chassé par la rue, et a remis les pouvoirs à l'armée.
"Les troubles au Proche-Orient n'affectent pas directement" le marché américain, a relevé Rich Ilczyszyn, de Lind-Waldock. "La volatilité est moins forte (sur les cours new-yorkais) que sur le Brent".
"Ce qui m'inquiète, c'est la possible propagation" des troubles aux autres pays de la région, a-t-il ajouté. "A mon avis, ce n'est pas fini. L'incertitude reste importante".
L'éclatement de la révolte en Egypte avait propulsé le baril de Brent à plus de 100 dollars le 31 janvier, pour la première fois depuis plus de deux ans.
"Un vide existe maintenant au niveau du pouvoir", a estimé Zakir Lorgat, analyste chez Inenco. "Le marché pétrolier va donc rester agité jusqu'à ce qu'une décision soit prise sur ce à quoi va ressembler le gouvernement égyptien".
Selon cet analyste, le marché "va chercher à être rassuré quant à la stabilité de la région dans les semaines et mois à venir".
Les cours à New York restent par ailleurs plombés par l'abondance des stocks de brut à New York.
Le terminal de Cushing (Oklahoma, sud), premier centre de stockage du pays, est proche de la saturation, une situation qui ne devrait pas s'arranger à court terme alors qu'un nouvel oléoduc a été mis en service mardi pour l'approvisionner, a relevé Andy Lipow.
Cet oléoduc, opéré par le groupe pétrolier TransCanada, permet d'acheminer le brut canadien vers Cushing. Il est intégré dans le réseau d'oléoducs Keystone, dont la capacité totale atteint 591.000 barils par jour.